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Marie-Noëlle Delaby
Mercredi 18 juillet, la commission de l’Assemblée nationale sur l’affaire Lactalis remettait officiellement les conclusions de son enquête. Parmi les 49 propositions des parlementaires : le durcissement des sanctions pénales et financières vis-à-vis des industriels et de la distribution, davantage de moyens alloués aux contrôles sanitaires ou encore le pilotage par un seul ministère des agences de sécurité alimentaires.
C’est avec émotion et fierté que le président et le rapporteur de la commission parlementaire sur « l’affaire Lactalis », Christian Hutin (Nouvelle gauche) et Grégory Besson-Moreau (La République en marche), ont officiellement remis les conclusions de la commission sur l’affaire Lactalis au président de l’Assemblée nationale François de Rugy. Cette enquête parlementaire avait pour but d’identifier les dysfonctionnements qui ont entraîné la contamination de 38 nouveau-nés fin 2017 par des salmonelles présentes dans des laits en poudre produits sur le site Lactalis de Craon (53). De mars à mai 2018, elle a permis, au cours de ses 27 auditions, d’interroger 98 acteurs de l’affaire : associations de victimes et de consommateurs, services de l’État, patrons de l’agroalimentaire et de la distribution. Et même le président de Lactalis, Emmanuel Besnier, connu pour sa discrétion confinant au mutisme et qui a donné du fil à retorde à la commission, comme le rapportait Christian Hutin lors de la remise du rapport.
« Certaines sociétés sont allées jusqu’au bout pour torpiller notre commission », a expliqué le député. Ce qu’a confirmé François de Rugy lors de la cérémonie en relatant que le patron de Lactalis était allé jusqu’à lui demander via ses avocats l’annulation pure et simple de la commission avant de finalement se rétracter et de se rendre à sa convocation. Mais « La République a gagné », s’est félicité Christian Hutin qui espère également que la prochaine mise en place du secret des affaires ne fera pas de cette commission Lactalis, la dernière « aussi ouverte ».
Côté propositions, le rapport de la commission développe 4 axes principaux pour améliorer la sécurité de la chaîne allant du producteur au consommateur.
Lors de la remise du rapport devant la presse, le président de la commission a, enfin, souligné le fait que « cette commission d’enquête n’avait jamais eu pour but de faire le procès de qui que ce soit mais seulement de comprendre ce qui s’est passé ». Une procédure judiciaire est actuellement en cours au parquet de Paris, notamment suite à la plainte déposée par l’UFC-Que Choisir à l’encontre de Lactalis fin 2017, sans qu’un magistrat instructeur ait pour l’heure été désigné, selon le parlementaire. De son côté, le rapporteur de la commission et député En marche Grégory Besson-Moreau en a profité pour annoncer qu’il ferait, à partir de ces conclusions, une proposition de loi portant sur la sécurité des aliments avant la fin de l’automne. Rappelant au passage que les populations doivent être efficacement protégées contre d’éventuels dysfonctionnements mais aussi contre de possibles actes terroristes d’empoisonnement. « Dans le contexte actuel, l’alimentation revêt une symbolique forte et nous nous devons d’y être préparé », a-t-il conclu.
Marie-Noëlle Delaby
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