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Affaire LactalisAprès le Sénat, auditions à l’Assemblée nationale

Alors que l’Assemblée nationale auditionne actuellement les acteurs de l’affaire Lactalis, la Direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations (DDCSPP) en charge des contrôles en usine est revenue sur les faits, ne cachant pas un certain manque de moyens pour assurer les contrôles.

« Tirer les enseignements de l’affaire Lactalis et étudier à cet effet les dysfonctionnements des systèmes de contrôle et d’information ». Tels sont les objectifs que s’est fixée la commission d’enquête créée par l’Assemblée nationale, qui auditionne les principaux acteurs de l’affaire des laits en poudre contaminés à la salmonelle. Les députés emboîtent ainsi le pas aux sénateurs qui avaient levé leur propre commission en janvier et février 2018.

Reçue par les parlementaires le 18 avril, Laurence Deflesselle, directrice départementale de la DDCSPP (Direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations) de Mayenne confirmait un sous-effectif  dans les services vétérinaires de la région qui abrite notamment l’usine de Craon où ont été fabriqués les fameux laits contaminés de Lactalis. Les budgets alloués à la DDCSPP sont en grande partie indexés sur la démographie alors que « la région compte deux fois plus de vaches que d’habitants mais aussi une grande activité agroalimentaire », a notamment déploré Laurence Deflesselle.

Les salmonelles non recherchées par les services de l’État

De 2005 à 2017, seuls 16 contrôles avec prélèvements ont été effectués par les agents de Mayenne (plus un contrôle exceptionnel lié à une alerte sur la présence de limaille de fer dans un produit). Mais aucun ne concernait les salmonelles, que ce soit sur l'environnement de production ou sur les produits infantiles. Plus largement, aucune usine de lait infantile en France n’a été contrôlée sur ce point pour la simple raison que le plan national de contrôle ne prévoit pas la recherche de cette famille de bactéries dans les produits infantiles par les services vétérinaires, a indiqué Laurence Deflesselle, qui détaille : « La recherche des salmonelles est de l’ordre des autocontrôles effectués par les fabricants et leurs laboratoires sous-traitants. Nos analyses portent notamment sur les pesticides, les métaux lourds ou les mycotoxines dont la présence est jugée plus fréquente et probable dans ces produits ». Une information qui n’a pas manqué d’étonner les députés. En particulier dans le cas de l’usine de Craon qui avait déjà connu un épisode de contamination à la salmonelle en 2005, ayant rendu des centaines de bébés malades.

Des échantillons trop vite détruits

Lors de son audition, la responsable de la DDCSPP de Mayenne – qui est longuement revenue sur le déroulé des faits de l’affaire Lactalis – a également révélé que les échantillons de salmonelles retrouvés dans l’environnement de l’usine (en août et novembre 2017) n’ont été conservés que quelques semaines par les laboratoires effectuant les sous-contrôles pour Lactalis. Ainsi avaient-ils déjà été détruits lorsque les services sanitaires les ont réclamés. « Les laboratoires étaient dans leur droit, ils n’ont pas l’obligation de les conserver un temps défini », a rappelé la directrice qui, contactée par nos soins, précise : « dans la situation actuelle depuis la crise, nous avons enjoint les laboratoires à ne détruire aucune souche identifiée en post-crise. Dans le cadre du nouveau dossier d'agrément et compte tenu du retour d'expérience, nous avons demandé à Lactalis de revoir cette disposition dans la prestation et de prévoir un délai d'un an [pratique des laboratoires travaillant pour l’État, ndlr] avant destruction ».

En conclusion, la directrice a tenu à souligner que cette nouvelle affaire de contamination a été rapidement maîtrisée une fois les services de l’État alertés, aucun enfant n’ayant officiellement été déclaré malade après le 2 décembre 2017. La DDCSPP de Mayenne avait été prévenue le 1er décembre au soir, « veille de week-end », a-t-elle ajouté.

Marie-Noëlle Delaby

Marie-Noëlle Delaby

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