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AcrylamideLa Commission européenne doit mieux protéger les consommateurs

L’UFC-Que Choisir et ses partenaires européens interpellent ce 6 mars la Commission européenne pour réclamer une meilleure protection du consommateur vis-à-vis de l’acrylamide dans les aliments industriels. Nous demandons l’abaissement de toutes les valeurs indicatives de la réglementation ainsi que leur transformation en seuils réglementaires.

À la suite d’un test conjoint mené par dix associations de consommateurs en Europe sur plus de 500 produits, et dont nous avons publié les résultats français, le Bureau européen des unions de consommateurs (Beuc) interpelle ce mercredi 6 mars la Commission européenne (1). L’acrylamide apparaît lors de la cuisson au four, en friture ou à la poêle à plus de 120 °C des aliments riches en amidon. En cause donc les frites, pommes de terre sautées, pains grillés, biscuits, mais aussi le café et un certain nombre de produits transformés. Or de l’avis de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa), ce composé est cancérogène et génotoxique probable pour l’homme et sa consommation doit être réduite au maximum. Des bonnes pratiques de préparation à la maison permettent d’en limiter la consommation mais les industriels sont aussi invités à faire des efforts par le règlement européen 2017/2158, entré en vigueur le 11 avril 2018. Ce règlement précise des teneurs indicatives, reflets du marché et non d’une réelle protection toxicologique, qui doivent servir de référence aux industriels. Ceux-ci ont l’obligation de prouver qu’ils mettent bien en œuvre des mesures d’atténuation de la formation d’acrylamide.

Abaisser les valeurs indicatives de chaque catégorie d’aliments

Nos résultats l’ont prouvé : la réglementation en l’état ne va pas assez loin. Pour plusieurs catégories d’aliments vecteurs d’acrylamide, comme les céréales de petit déjeuner ou le café, les teneurs sont aisément respectées. Dans notre test sur 83 produits, seules deux références les dépassent. Preuve qu’il est possible de produire des denrées avec de faibles taux d’acrylamide. Le Beuc exhorte ainsi la Commission à baisser toutes les valeurs indicatives contenues dans le règlement, pour s’aligner sur les meilleurs élèves. Des efforts doivent être portés sur les biscuits et les gaufrettes qui, dans un tiers des cas, dépassent encore les teneurs de référence. Le Beuc note que beaucoup de biscuits non destinés aux enfants de moins de 3 ans leur sont donnés à consommer. Or la teneur indicative dans les biscuits infantiles est inférieure à celle des biscuits classiques, même porteurs d’un packaging ciblant le jeune public. Dès lors, deux tiers de ces biscuits ne conviennent pas aux moins de 3 ans, une population dont l’exposition est pourtant jugée préoccupante par l’Agence nationale de l'alimentation (Anses) du fait de son faible poids corporel. Nos associations exigent donc un abaissement de la teneur indicative de tous les biscuits vers celle des biscuits pour bébé, afin de protéger au mieux les plus jeunes consommateurs.

Passer de l’incitation à la contrainte réglementaire

Nous avons décidé d’aller plus loin et de réclamer l’entrée en vigueur de seuils réglementaires contraignants pour les industriels. La commission européenne travaille en ce moment à la définition de tels seuils pour l’alimentation infantile. Trop limité selon nous, toutes les catégories d’aliments vecteurs devraient être concernées. « Tant que les mesures restent volontaires, certains fabricants ne prendront pas cette question au sérieux », note Monique Goyens, directrice générale du Beuc. En effet, si nos tests ont montré un engagement certain de la plupart des industriels interrogés, l’absence de limites contraignantes en dissuade quelques-uns de passer à l’action. Autre avantage, la fixation de seuils réglementaires permettrait des mesures de retrait plus rapides en cas de dépassement.

Compléter et évaluer le dispositif réglementaire

Nos tests portaient principalement sur des catégories déjà incluses dans le règlement européen, mais également sur d’autres produits susceptibles de contenir de l’acrylamide. Parmi ceux-ci, le Beuc souhaite attirer l’attention de la Commission européenne sur les chips de légumes, considérées comme plus saines par les consommateurs. Or sur 27 produits analysés, la valeur médiane est presque le double de celle obtenue dans les chips de pomme de terre. En attendant des seuils réglementaires, la Commission devrait au moins définir des valeurs indicatives pour l’acrylamide dans ces en-cas. D’autres catégories, comme les croquettes ou rösti de pomme de terre, devraient également être incluses. Comment savoir enfin si la stratégie de régulation mise en œuvre porte ses fruits ? Le règlement actuel demande aux pays membres de mener des campagnes annuelles de contrôle, dont les résultats doivent être transmis à l’Efsa. Problème, la méthodologie utilisée ne lui permet pas de mener une analyse dans le temps des taux mesurés. Une situation à faire évoluer rapidement.

(1) La lettre envoyée par le Beuc à la Commission européenne (PDF). 

Noëlle Guillon

Noëlle Guillon

Cécile Lelasseux

Cécile Lelasseux

Rédactrice technique

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