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Acide hyaluroniqueQuels sont ses bénéfices ?

Depuis le 1er juillet 2024, les produits injectables contenant de l’acide hyaluronique ne sont plus délivrés que sur prescription médicale. Le but : réduire les risques liés au mésusage de ces substances utilisées pour combler les rides ou gonfler les lèvres. Cette restriction est l’occasion de faire le point sur les effets réels de l’acide hyaluronique, utilisé non seulement à visée esthétique mais aussi contre les douleurs articulaires.

L’acide hyaluronique est une molécule de grosse taille, naturellement produite par le corps humain. On la retrouve dans de nombreux tissus, en particulier la peau, les cartilages, le liquide synovial (qui baigne les articulations) ainsi que dans l’œil. Découverte au début des années 1930, cette molécule a suscité l’intérêt du milieu médical puis de l’industrie cosmétique, car elle a la capacité de retenir de grandes quantités d’eau, ce qui lui confère d’importantes propriétés hydratantes mais aussi de soutien. L’acide hyaluronique a d’abord été utilisé en ophtalmologie et en rhumatologie, avant de devenir, dans les années 1990, le produit phare de la médecine esthétique.

L’acide hyaluronique étant un des composants du liquide synovial, il a semblé pertinent, dès les années 1960, de développer des médi­caments pour traiter les douleurs de l’arthrose et améliorer la lubrification des articulations, principalement dans le genou et la hanche. Ces injections de viscosupplémentation ont été largement pratiquées avant que leur efficacité soit remise en cause. Elles ne sont plus remboursées en France depuis 2018 et plusieurs sociétés savantes ne les recommandent plus en première intention. En 2022, une méta-analyse confirme que ces injections ont un effet sur la douleur très faible en comparaison avec un placebo, mais qu’elles augmentent le risque d’effets indésirables (douleur, gonflement et inflammation pour les plus fréquents). En médecine esthétique, l’acide hyaluronique reste le produit de référence pour les injections antirides et qui visent à hydrater, repulper ou combler certains volumes sur le visage (nez, pommettes, lèvres) ou d’autres zones du corps (fesses, parties intimes…). « Il existe plus d’une vingtaine d’acides hyaluroniques dont la réticulation, c’est-à-dire le maillage, est spécifique de la zone et du résultat souhaité », précise la Dr Aurélie Fabié Boulard, ex-présidente de la Société française des chirurgiens esthétiques plasticiens. Les tarifs sont variables, mais il faut compter environ 300 € pour l’injection d’une seringue d’acide hyaluronique. Ces interventions ont un effet temporaire, car l’acide hyaluronique est dégradé naturellement en quelques mois par des enzymes appelées hyaluronidases.

Attention, les injections sont un acte que seuls les médecins esthétiques, dermatologues et chirurgiens plasticiens sont autorisés à pratiquer et un décret vient de restreindre la délivrance de seringues d’acide hyaluronique à la détention d’une ordonnance. Enfin, de nombreux sérums et crèmes « antirides » et « hydratants » contiennent aujourd’hui de l’acide hyaluronique. Ils n’agissent que sur les couches superficielles de la peau et pour quelques heures. Les prix de ces produits peuvent varier de quelques euros à plus de 100 €, sans corrélation entre le coût et l’efficacité !

Compléments alimentaires - Sans effet

Comme le collagène, autre molécule très à la mode, l’acide hyaluronique est présent dans un nombre croissant de compléments alimentaires promettant de lutter contre le vieilli­­­sse­ment, cutané notamment. Difficile cependant de comprendre l’intérêt d’ingérer la molécule. L’acide hyaluronique est un sucre complexe et, à ce titre, il est digéré par les bactéries de notre flore intestinale.

Il est alors dégradé en sucres simples, dont une partie est utilisée par les bactéries elles-mêmes. Pourtant, certains vendeurs n’hésitent pas à donner des explications farfelues pour justifier l’intérêt de leurs produits. On apprend par exemple qu’un complément à boire peut « booster consi­dérablement l’absorption par l’intestin grêle de l’acide hyaluronique » et qu’il « est ensuite directement apporté aux cellules, tissus conjonctifs, cheveux, ongles et à la peau » ! Un autre fabricant prétend que les bactéries intestinales digèrent l’acide hyaluronique en « oligo acide hyaluronique » qui serait apporté à la peau par le sang pour « activer et produire des cellules de la peau » ! L’avis de la Dr Aurélie Fabié Boulard, spécialiste en médecine esthétique, est clair : « Il y a de nombreux produits sans effet vendus pourtant très chers. Je ne recommande pas d’acide hyaluronique par voie orale. »

Stéphany Gardier

Stéphany Gardier

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