Anne-Sophie Stamane
Accès aux soinsLes orthoptistes à la rescousse des ophtalmologistes
L’assurance maladie et le syndicat des orthoptistes se sont mis d’accord pour confier aux orthoptistes, dans le cadre d’une expérimentation conduite dans des maisons de santé pluriprofessionnelles, une partie du travail des ophtalmologistes. Les orthoptistes pourront renouveler les lunettes, sous la supervision d’un généraliste.
C’est connu : dans plusieurs régions du territoire, décrocher un rendez-vous chez l’ophtalmologiste relève de l’exploit. Depuis quelques années, pour débloquer l’accès aux soins visuels, la délégation des examens aux orthoptistes est explorée. Dans cette veine, à l’initiative du syndicat des orthoptistes (SNAO) et de l’assurance maladie, une expérimentation va être lancée début 2018 au sein des maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP). Ces structures, actuellement au nombre de 1 000 en France, regroupent des professionnels de santé exerçant en équipe. L’idée serait de confier aux orthoptistes qui y travaillent, actuellement une cinquantaine sur 10 à 15 MSP selon le SNAO, des missions qui ne constituent pas leur cœur de métier, mais qui combleraient des besoins criants, et pour lesquelles ils ont toutes les compétences requises.
En fonction du protocole mis en place, ils pourront ainsi être chargés de la surveillance du glaucome ou la DMLA, à condition qu’ils soient stabilisés. Dans ce cas, le suivi sera encadré par un ophtalmologiste, exerçant dans la MSP ou pas, qui restera le seul à interpréter les résultats des examens et à prescrire. Deuxième possibilité, le dépistage de la rétinopathie diabétique, à la demande d’un médecin généraliste de la MSP, l’examen étant encore une fois interprété par un ophtalmologiste. Enfin, les orthoptistes pourront prendre une part importante dans le renouvellement des lunettes en réalisant tous les examens de la vision nécessaires, un médecin généraliste de la MSP ayant au préalable adressé le patient. L’ordonnance des verres correcteurs sera nécessairement signée par le médecin. Une telle coopération entre un généraliste et un orthoptiste était jusque-là possible, mais « il n’existait pas de cotation tarifaire pour l’orthoptiste : soit il faisait un acte gratuit, soit il pratiquait un tarif libre que le patient ne pouvait pas se faire rembourser », explique Laurent Milstayn, président du SNAO.
« À travers cette expérimentation, nous souhaitons que des collègues s’installent dans les MSP ou y interviennent en vacations, pour voir si cela peut rendre service, souligne Laurent Milstayn. Et si ça marche, les protocoles pourraient s’étendre à toutes les MSP. » Il reviendra à un groupe de travail de mettre en place et de suivre les expérimentations, qui pourront démarrer dès le 1er janvier 2018.