Test sur les crèmes solaires pour enfantFausse sécurité sur les UVA pour près d'un tiers des produits !
A l’heure où commencent les vacances scolaires estivales, l’UFC-Que Choisir publie un test particulièrement inquiétant sur les crèmes solaires pour enfants. Au vu de la très faible protection aux UVA constatée sur près d’un tiers des produits testés, l’association alerte les parents sur les risques induits du fait de mentions laissant croire à une pleine protection de l’enfant et dépose plainte contre les 5 fabricants concernés pour pratique commerciale trompeuse et tromperie.
En effet, l’UFC-Que Choisir a testé en laboratoire 17 produits de protection solaire d’indices élevés (50 et 50+) destinés aux enfants et présentés sous forme de crèmes, sprays et laits solaires. Alors que leurs emballages débordent de mentions rassurantes, les résultats révèlent de graves carences en termes de protection aux UV, alors que le strict minimum pour des crèmes solaires est de protéger de ces rayons nocifs !
- Une protection très insuffisante contre les UVA pour près d’une crème sur trois ! Si la totalité des 17 produits testés protège correctement des UVB, en revanche cinq d’entre eux (1) n’offrent pas -et de loin- la protection minimale contre les UVA requise par les experts français (2) et les autorités européennes (3). Bien qu’ils n’occasionnent pas de traces visibles (coup de soleil), les UVA sont tout aussi responsables des cancers de la peau. Les consommateurs ne peuvent pas non plus se fier aux produits de grande marque, en effet le ‘lait solaire spécial enfant’ de CLARINS est le plus mal noté de notre test et écope, au côté du spray solaire ‘Photoderm kid’ de BIODERMA, de la recommandation peu enviable ‘NE PAS ACHETER’.
- Des mentions d’étiquetage faussement rassurantes : Ces résultats sont d’autant plus inadmissibles que tous ces produits sont porteurs d’indices élevés ainsi que des mentions ‘Haute protection’ ou ‘Très haute protection’ et affichent sur leur emballage le logo ‘UVA’ laissant croire à tort aux consommateurs que les produits sont pleinement protecteurs.
- Les crèmes solaires ‘bio’ ne tiennent pas leurs promesses ! Alors que les produits biologiques mettent en avant leur composition à base d’ingrédients naturels, force est de constater que les filtres anti UV à base de minéraux qu’ils utilisent sont inefficaces pour arrêter correctement les UVA. Sur les 5 produits testés, 2 offrent une protection à peine correcte et 3 une protection très insuffisante ! Autre argument du ‘bio’ battu en brèche : l’absence d’impact sur l’environnement. Alors que l’on connait depuis longtemps la toxicité sur la flore marine des filtres solaires utilisés dans les crèmes solaires conventionnelles, certaines études montrent un impact tout aussi néfaste des filtres utilisés dans le bio.
Soucieuse de garantir la sécurité des consommateurs, particulièrement les plus jeunes, l’UFC-Que Choisir :
- Dépose plainte auprès du tribunal de Paris contre les fabricants CLARINS, BIODERMA, BIOSOLIS, ALGA MARIS et LOVEA pour pratique commerciale trompeuse et tromperie,
- Et dans l’attente de la mise en œuvre de l’action publique, presse les fabricants concernés de retirer sans délai leurs produits des rayons et de procéder à un rappel. A défaut l’Association saisira la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF).
- Rappelle aux parents que le meilleur moyen de protéger les enfants contre le soleil est de ne pas les exposer notamment pour les plus jeunes et d’éviter les heures où l’ensoleillement est le plus fort. Elle les invite à consulter son guide d’achat crème solaire gratuitement consultable sur le site quechoisir.org.
Droit de réponse de la société Pro-Vera (lait solaire Biosolis Kids 50+ bio) du 21 juillet 2016
« Dans son article intitulé « Test sur les crèmes solaires pour enfant – Fausse sécurité sur les UVA pour près d’un tiers des produits », UFC Que Choisir affirme que le Lait solaire SPF 50+ KIDS – BIOSOLIS, commercialisé par la société PRO-VERA, offrirait une protection anti-UVA « très insuffisante » et utiliserait un étiquetage « faussement rassurant ».
Ces accusations, extrêmement graves et préjudiciables, prises sur la base d’un rapport ne mentionnant ni l’identité des experts ni le lot analysé, sont totalement infondées.
En premier lieu, elles sont basées sur une lecture erronée de la recommandation européenne du 22 septembre 2006, dont l’article 14 impose que la protection anti-UVA soit d’au moins « 1/3 du facteur solaire indiqué sur l’étiquette » et non de l’indice SPF (protection anti-UVB) effectivement mesuré. Ainsi, pour un étiquetage indiquant un indice SPF 50+, comme celui du Lait solaire SPF 50+ KIDS – BIOSOLIS, la protection anti-UVA doit être au minimum de 20. Or, le rapport communiqué par UFC Que Choisir fait état d’un indice SPF mesuré de 89,3 et d’un ratio anti-UVA de 4, soit d’une protection anti-UVA de 22,3, supérieure à 20 et donc conforme à la règlementation européenne.
En second lieu, les tests pratiqués par UFC Que Choisir selon la norme ISO 24443 ne sont pas adaptés aux produits contenant des écrans minéraux, comme c’est le cas du Lait solaire SPF 50+ KIDS-BIOSOLIS, et donne des valeurs sous-estimées par rapport aux valeurs obtenues avec la méthode in vivo ISO 24442. Et pour cause, toutes les analyses effectuées sur le Lait solaire SPF 50+ KIDS-BIOSOLIS, certifiées par nos laboratoires, confirment des indices SPF et anti-UVA respectivement supérieurs à 89 et à 20.
Enfin, s’agissant de l’étiquetage, l’article 14 de ladite recommandation prévoit que la mention « Très haute protection » peut être apposée si le produit concerné présente un indice SPF minimum de 60 et un facteur anti-UVA minimum de 20, valeurs inférieures à celles que présente le Lait solaire SPF 50+ KIDS – BIOSOLIS.
Ainsi, contrairement à ce que soutient à tort UFC Que Choisir, tant la protection anti-UVA que l’étiquetage du Lait solaire SPF 50+ KIDS – BIOSOLIS sont conformes à la réglementation européenne.
Le service inspection du Ministère de la santé publique belge nous l’a d’ailleurs confirmé en ces termes : « le produit Biosolis enfant SPF 50+ offre une protection correcte (UVA et UVB), la protection qui est indiquée sur l’étiquette ».
Pour l’ensemble de ces raisons, nous contestons très fermement ces accusations portées par UFC Que Choisir à l’encontre de la société PRO VERA ».La réponse de l’UFC-Que Choisir
Visiblement, Biosolis s’emmêle les pinceaux. Il semble que la marque n’ait pas compris les résultats de protection aux UV que nous lui avons transmis selon la présentation la plus utilisée par les laboratoires et qui n’a d’ailleurs soulevé aucun problème d’interprétation chez la plupart de ses confrères.
Petit rappel réglementaire : pour un indice de protection affiché de 50+ qui va de pair avec la mention « Très haute protection », la recommandation européenne de 2006 demande que la protection minimale aux UVB soit de 60, ce que le lait solaire Kids bio de Biosolis respecte avec un résultat mesuré de 89,3. Mais elle demande également que la protection aux UVA soit au minimum de 20 (un tiers de la protection minimale exigée pour les UVB), ce que le produit Biosolis est en revanche loin d’atteindre puisqu’il confère une protection de seulement 15,1, soit 25 % de moins que le minimum recommandé.
De plus, la méthode in vitro que nous avons utilisée et qui, selon Biosolis, ne serait « pas adaptée aux produits contenant des écrans minéraux », est pourtant la méthode recommandée au niveau français par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) et au niveau européen par le syndicat professionnel Cosmetics Europe qui regroupe pas moins de 4 000 professionnels de la cosmétique. D’ailleurs, l’un des confrères de Biosolis qui fabrique une crème solaire Bio a envoyé un résultat de test sur les UVA concernant son produit réalisé selon la méthode in vitro. Dans ce contexte, il nous paraît bien étrange que Biosolis privilégie une méthode différente qui l’arrange compte tenu de la composition de son produit !
(1) Lait solaire spécial enfant 50+ de Clarins, Photoderm kid 50+ de Bioderma, Lait solaire kids 50+ « bio » de Biosolis, crème solaire enfant 50+ « bio » d’Alga Maris et Spray hydratant kids « bio » 50 de Lovéa.
(2) Information aux industriels, recommandation européenne : mise à jour portant sur les conditions d’étiquetage des produits de protection solaire – Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) - Janvier 2007
(3) Recommandation de la Commission Européenne du 22 septembre 2006 relative aux produits de protection solaire et aux allégations des fabricants quant à leur efficacité.