Téléphonie mobileLes trois opérateurs continuent de verrouiller le marché
Le rapport d'analyse (1) de l'UFC-Que Choisir sur le secteur de la téléphonie mobile, rendu public aujourd'hui, infirme en partie les conclusions du rapport de l'AFOM (2) qui présentait une version partielle et parfois déformée de la réalité économique du secteur. Manifestement, le secteur souffre encore d'une absence de concurrence qui limite son développement et pénalise fortement les consommateurs.
1- La part de la population qui utilise un mobile (taux de pénétration) en France est largement en dessous de la moyenne européenne. Les spécificités françaises (géographie, déploiement du réseau fixe et des cabines téléphoniques...) sont inopérantes pour expliquer ce retard. Cela signifie que des consommateurs (notamment à petites consommations) sont dans l'incapacité, encore aujourd'hui, de trouver une offre, en termes de prix et de service, adaptée à leurs besoins. Cela est vrai pour les SMS où l'on observe une faiblesse de l'offre commerciale et des prix encore élevés. Depuis 2000 aussi, le marché du prépayé est manifestement sacrifié (des offres alignées et peu avantageuses et augmentation du prix affiché entre 2003 et 2007...).
2- Globalement, l'évolution des prix reste très défavorable aux consommateurs. La baisse depuis 2000 du prix (revenu par minute en baisse de 21 à 28 % selon les méthodes) est largement inférieure à celle constatée dans beaucoup d'autres pays européens (- 57 % sur le marché britannique entre 2001 et 2005 par exemple). Surtout, le quasi-triplement du trafic voix depuis cette date sur une infrastructure amortie est à l'origine d'économies d'échelle hors du commun et dans tous les cas très supérieures à la baisse modérée des prix. Cela explique d'ailleurs la forte augmentation et le maintien ensuite de la rentabilité anormalement élevée des opérateurs (EBITDA proche de 40% et un retour sur investissement (3) supérieur de 50 à 60 points à la norme (4) pour Orange et SFR !)
3- Indirectement, les consommateurs sont également touchés, par les prix élevés des minutes de communications que les opérateurs facturent aux opérateurs virtuels de téléphonie mobile (MVNO) (5). Pour ces nouveaux entrants, il est donc difficile de réaliser une véritable percée sur le marché, qui bénéficierait aux consommateurs par une baisse des prix et une plus grande diversité des offres.
4- Le maintien de prix élevés explique enfin le niveau de dépense des ménages pour les services mobiles. Un premier retraitement des données INSEE indique qu'un couple d'employés avec deux enfants par exemple, ne consacre pas 1% aux services mobiles, comme annoncé par l'AFOM, mais près de 5% de ses revenus.
En conclusion, tout indique que le marché de la téléphonie mobile, deux ans après l'importante décision du Conseil de la Concurrence, est toujours verrouillé. L'UFC-Que Choisir estime qu'il est nécessaire que le régulateur (ARCEP) prenne les mesures qui s'imposent pour restaurer une concurrence durable, pleine et entière.
(1) Rapport complet disponible en marge gauche. (2) AFOM : Association Française des Opérateurs Mobiles. (3) Mesure approchée par le ROCE. (4) Norme défini par l'ARCEP. (5) MVNO : Mobil Virtual Network Operator.