Mobilité bancaireLettre ouverte à Monsieur le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie
Lettre ouverte
Monsieur Thierry Breton
Ministre de l'Economie, des Finances et de l'Industrie
139 rue de Bercy
75572 PARIS Cedex 12
Paris, le 27 juin 2006
Monsieur le Ministre,
Dans un secteur concurrentiel, les mauvaises pratiques d'un professionnel sont sanctionnées par le départ de ses clients vers un concurrent leur proposant un produit ou service de meilleure qualité et/ou à un prix plus avantageux.
Dans le secteur bancaire, le taux d'attrition relativement bas montre que les clients ne quittent pas leur banque. Il est difficile de penser que tous soient satisfaits des prestations de leur banque alors même que se développe depuis plusieurs années le tout payant.
Le rapport commandé en 2005 par votre Ministère à Monsieur Ph. Nasse établit clairement l'existence de coûts de sortie excessifs sur le marché de la banque de détail, dont les effets sont justement d'empêcher les clients d'être mobiles et donc d'exercer leur droit à faire jouer la concurrence.
Il est vrai que lorsqu'on regarde de plus près le processus de changement de banque, on constate que celui-ci est complexe, long et génère ainsi des coûts importants. Le premier élément qui contribue à l'augmentation des coûts de sortie est lié à l'insuffisance de l'information qui ne permet pas au consommateur de saisir les opportunités existantes à changer de banque. Le client ne dispose d'aucun moyen pour évaluer le coût de sa consommation, et il lui est difficile de connaître les tarifs des différents établissements bancaires appliqués à son profil.
S'il n'est pas déjà découragé, le consommateur qui veut quitter sa banque devra supporter lui-même toutes les démarches pour transférer son compte, en plus des coûts monétaires liés au transfert des placements.
Au final, le niveau de ces coûts est tel que le gain économique à changer d'établissement est très faible. Les clients sont donc captifs, ce qui confère aux banques un pouvoir de monopole sur ces derniers qu'elles peuvent alors abusivement exploiter, notamment en augmentant leurs prix.
Etant donné les préjudices graves subis par l'ensemble des consommateurs, nous sollicitons aujourd'hui votre intervention dans ce dossier. Des mesures très concrètes pour améliorer l'information, comme notamment la mise en place d'une facture des sommes prélevées par la banque à son client, peuvent facilement être mises en oeuvre, d'autres liées plus spécifiquement au transfert de compte méritent qu'une expertise soit engagée.
Je vous prie de bien vouloir agréer, Monsieur le Ministre, l'expression de ma très haute considération.
Alain BAZOT
Président de l'UFC-Que Choisir