Lutte contre la sécheresseLes ministres de l'agriculture et de l'écologie font barrage
A l'issue du comité de lutte contre la sécheresse, tenu ce matin, le ministère de l'écologie n'a proposé aucune réforme structurelle qui permettrait de diminuer la consommation estivale d'eau. La ministre de l'écologie reste impuissante face à la détermination du ministre de l'agriculture qui s'obstine à proposer la politique de la fuite en avant : construire des barrages pour satisfaire l'irrigation agricole puis demander à la collectivité et aux consommateurs de financer ces investissements catégoriels.
Le 14 septembre, le ministre de l'agriculture intervenait au congrès des producteurs de maïs. Oubliant que, durant l'été, 80 % de la consommation d'eau provient de l'agriculture, le ministre a préféré affirmer que « les plantes ont besoin d'eau » et que les « agriculteurs ne sont responsables ni de la sécheresse, ni des inondations ». Il s'est ensuite empressé de proposer « des solutions de retenue de substitution » qui permettent « de gérer la ressource en eau grâce au stockage des surplus d'eau en hiver ». Ces « retenues de substitutions », qui ne sont rien d'autre que des barrages, seront financées « avec le concours des collectivités territoriales et des agences de l'eau ».
Cette offensive du ministère de l'agriculture reçoit le soutien des grands lobbyistes de l'irrigation. Par exemple, dans son communiqué du 12 septembre, le sénateur Jean François Poncet, qui vient d'être réélu président du comité de bassin de l'agence de l'eau Adour-Garonne, réaffirme « l'urgence d'un programme de création de réserves d'eau » et renouvelle son soutien « au projet du barrage de Charlas ».
L'UFC Que Choisir rappelle que la construction de barrages pour lutter contre la sécheresse est une aberration économique et environnementale.
Une aberration économique parce que le budget public et la facture des usagers domestiques vont subventionner de coûteux investissements destinés à la seule culture du maïs irrigué. Ces subventions de facto viennent s'ajouter aux primes faramineuses que la politique agricole commune accorde au maïs.
Une aberration environnementale car la construction de barrages perpétue le recours à l'irrigation intensive, elle n'envoie aucun signal d'économie d'eau aux paysans et ne les incite pas à reconvertir leurs cultures. Dans un tel contexte, les réserves créées par les nouveaux barrages seront épuisées dans quelques années et il faudra de nouveau solliciter le porte-monnaie de l'usager domestique.
Face à ces revendications, le ministère de l'écologie s'est contenté d'évoquer très vaguement la possibilité de récupérer les eaux pluviales, de développer l'interconnexion et de modérer dans certaines communes les cultures irriguées. Concernant la construction de barrages, ces investissements seront envisagés au cas par cas après un bilan économique et écologique.
L'UFC Que Choisir rappelle que seule la mise en oeuvre d'incitations à l'économie d'eau des agriculteurs est susceptible de régler à moyen terme et de façon équitable le problème de la sécheresse en France.