La surfacturation de l'eau dans les villes françaisesVéolia et Suez évitent le débat
Le syndicat professionnel de la distribution d'eau (SPDE) fait paraître ce jour une étude sur le prix de l'eau en Europe. Elle constate que le prix de l'eau en France est moins élevé que dans la majorité des pays européens (Grande Bretagne, Danemark, Pays Bas par exemple).
L'UFC-Que choisir dénonce cette campagne de désinformation qui vise à éluder la seule question qui intéresse le consommateur : pourquoi les services d'eau de grandes villes françaises réalisent-ils des taux de marges abusifs, allant jusqu'à 59 % en Ile de France ?
Le 3 février, l'UFC-Que Choisir a adressé au SPDE ses calculs détaillés pour chaque ville en gestion privée et a demandé au syndicat de produire une contre expertise sur des bases comparables.
A ce jour, les professionnels du secteur n'ont pas rendu publics leurs propres calculs. Plus encore, ils préfèrent éviter le débat en proposant un vague comparatif européen : il est assez douteux de vouloir justifier la facture lyonnaise et francilienne en la rapprochant de la facture du Danemark, où les difficultés d'accès à la ressource sont nettement plus importantes qu'en France.
Malgré sa faiblesse méthodologique, cette étude contribue à mettre en lumière le défaut de régulation du service de la distribution d'eau, non seulement en France mais aussi dans de nombreux pays européens. L'opacité des comptes, la longueur des contrats, le manque de concurrence ou le contrôle déficient des régies publiques sont constatés par les associations de consommateurs du continent. Et ces carences provoquent les mêmes effets : une surfacturation du prix de l'eau pour les consommateurs.
Pour l'UFC-Que Choisir, cette légère ébauche de constat européen, qui doit être approfondie par des études indépendantes, pose la question d'une régulation communautaire de ce service essentiel. Notamment, à l'heure où Véolia et Suez s'implantent en force dans des pays auparavant orientés vers la gestion publique, tels que l'Allemagne et les pays de l'est, les autorités de la concurrence doivent examiner si l'oligopole de l'eau ne génère pas un système d'entente préjudiciable pour les consommateurs européens.
En attendant que l'Europe se saisisse sans tarder de ce dossier, la seule demande que l'UFC-Que Choisir adresse à Véolia et Suez est simple et concrète : « produisez des comptes aussi détaillés que les nôtres sur les contrats des grandes villes françaises ».