Frais bancairesLe rapport de Bercy doit être porteur d'une vraie réforme de la tarification bancaire
La tarification bancaire est le noeud gordien de la relation banque-clients particulièrement en France. Le récent rapport de la Commission européenne sur les frais bancaires place la France parmi les champions d'Europe de l'opacité et la cherté. Selon Bruxelles, la gestion d'un compte courant revient en moyenne à 154 euros par an en France contre 58 euros en Belgique et 27 euros en Bulgarie.
Les établissements bancaires ont malicieusement freiné toute réforme de la tarification des frais en prenant des engagements non suivis d'effets pour éviter la Loi ou en profitant des souplesses réglementaires. Par exemple, malgré le plafonnement législatif et réglementaire des frais d'incidents de paiement, les montants restent trop élevés, totalement déconnectés des coûts réels, les banques s'étant calées sur les plafonds réglementaires. En cas de rejet d'un virement ou d'un prélèvement, les frais atteignent souvent le montant du plafond (20 euros) alors que l'opération, entièrement automatisée, ne coûte que quelques centimes d'euros à la banque.
L'enquête de l'UFC-Que Choisir, réalisée à l'automne auprès de 14 000 clients des banques, souligne les nombreux abus de la tarification bancaire : packages coûteux placés d'office, comparaisons impossibles entre banques en raison de la multiplication des frais et la myriade d'appellation de ceux-ci, écarts de prix de 1 à 10 pour un même service, apparition de services payants auparavant gratuits (conservation de chéquiers facturée, frais de « gestion », « commission de forçage » en cas de découvert, centre d'appel payant...), etc...
L'UFC-Que Choisir s'alarme en particulier de l'inégalité de traitement des consommateurs vis-à-vis de leur banque dès lors que ce sont les personnes les plus fragiles qui, avec la multiplication et la cherté des frais «sanction » (commission d'intervention, forçage, etc.) sont les principales victimes des abus tarifaires.
En plus de la lumière sur des abus bien connus, ce sont des mesures concrètes que les consommateurs attendent aujourd'hui.
Refusant le statu quo ou la simple dénonciation, l'UFC-Que Choisir demande donc que le rapport des experts permette l'élaboration d'une vraie réforme pour plus de transparence et moins de cherté de la tarification bancaire, et appelle à l'adoption des mesures suivantes :
- Mise en place d'une dénomination commune et compréhensible de tous les frais bancaires.
- Information préalable quant au prélèvement de frais bancaire sur le compte.
- Limitation dans leur nombre et leur montant des frais « sanction ».
- Encadrement de la commercialisation des « packages ».