ConcurrenceLes positions dominantes locales de la grande distribution nuisent au pouvoir d'achat !
Pour la première fois, une étude met en relation un relevé de prix exhaustif et national dans les hypermarchés avec l'état de la concurrence dans 634 zones de chalandise. Ce travail permet à l'UFC-Que Choisir de démontrer qu'il existe une forte relation entre la concurrence locale sur les zones de chalandise et les niveaux de prix observés.
En moyenne nationale, un hypermarché situé dans une zone non concurrentielle sera 1,30% plus cher qu'un hypermarché du même groupe situé dans une zone concurrentielle. Le relevé ayant été effectué lors d'une période de prix bas, septembre 2007, il s'agit d'un écart de prix sous estimé. Par ailleurs, cette moyenne cache des écarts de prix locaux beaucoup plus importants pouvant aller jusqu'à 20%.
Par exemple, à Marseille, le consommateur paiera au Carrefour du 15ème arrondissement, en position dominante, 5,5% de plus qu'au Carrefour du 8ème arrondissement. Cela représente pour un ménage moyen un surcoût annuel de l'ordre de 230 euros. Dans le département de la Gironde, un ménage qui fait ses courses au Leclerc de Talence, qui est dans une zone non concurrentielle, paiera 9,3% plus cher qu'au Leclerc de Port-Ste-Foy-et-Ponchapt, en concurrence avec un Géant Casino. Déménager, permettrait au ménage de Talence de faire une économie annuelle d'environ 392 euros en moyenne !
Par conséquent, il apparait évident que les distributeurs, notamment Carrefour et Auchan, adaptent leur politique de prix à l'environnement concurrentiel local. Cette stratégie peut s'avérer très payante dans la mesure où notre étude montre que seules 26,9% des 634 zones de chalandise de notre étude peuvent être considérées comme potentiellement concurrentielles.
Ce manque flagrant de concurrence sur les zones de chalandise doit être imputé à la réglementation relative aux implantations commerciales, dite « loi Royer/Raffarin », mise en place pour protéger le petit commerce.
Malheureusement pour le consommateur, sans parvenir à stopper le déclin du petit commerce, ces lois ont conduit à la création d'importants monopoles locaux, ce qui revient à faire subir aux consommateurs une hausse des prix due au manque de concurrence et une baisse de la diversité du choix, notamment à cause du déclin du commerce de proximité.
Compte tenu des résultats de notre étude, il semble plus qu'utile de changer au plus vite une réglementation à l'origine d'effets pervers. L'UFC-Que Choisir demande :
1. Le renforcement du Plan local d'urbanisme (PLU). En effet, à la demande de l'Europe, les CDEC devraient disparaître et le permis de construire deviendra l'unique guichet d'autorisations. Agir sur les documents d'urbanisme est donc le seul moyen de concilier à la fois un objectif d'accroissement de la concurrence et un objectif de maintien de la qualité de vie des consommateurs. En effet, l'intérêt du consommateur est d'avoir accès à des prix justes dans un environnement harmonieux (pollution, architecture, etc.) en présence de commerces variés (petits commerces, commerces artisanaux, etc.).
2. Que le Conseil de la Concurrence puisse contraindre les groupes en position dominante sur une zone de chalandise à se séparer ou à échanger certaines activités.
3. Que la défense du petit commerce, quant à elle, ne passe pas par des mesures de replis improductives. Deux types de mesures sont à développer. Tout d'abord, prévoir dans le PLU des zones réservées au développement du commerce de proximité. Puis, mettre en place une réelle politique d'accompagnement, sous forme d'aides ciblées, financées par l'utilisation de l'ensemble des recettes de la taxe d'aide au commerce et à l'artisanat (TACA), dont actuellement seul à peine plus d'un dixième est utilisé à cette fin.
Sur notre site internet, nous mettons à la disposition des consommateurs la liste des indices de cherté et concurrence par départements. Cliquez ici pour la découvrir.