Carte judiciaireL'UFC-Que Choisir juge indispensable l'ouverture d'un vrai débat parlementaire sur la réforme de la justice
L'UFC-Que Choisir adresse ce jour une lettre ouverte à la Garde des Sceaux concernant la réforme de la carte judiciaire.
Elle exige la suspension des décrets présentés aujourd'hui au Comité Paritaire supprimant près de 40 % des tribunaux d'instance. Elle demande également l'ouverture d'un débat parlementaire sur l'ensemble de la réforme de la justice.
Les associations locales de l'UFC-Que Choisir adressent ce même jour une lettre ouverte dans le même sens au député de leur circonscription.
La disparition de la proximité géographique pour le justiciable résultant de cette suppression des tribunaux d'instance a été décidée par le ministre de la Justice sans aucun débat démocratique préalable.
Il ne s'agit en outre que d'une première étape d'une plus vaste réforme, puisque la Chancellerie a d'ores et déjà annoncé réfléchir à une nouvelle répartition des contentieux, l'extension de la représentation obligatoire par avocat et l'instauration de franchise pour l'aide juridictionnelle.
Il est illogique de redistribuer le contentieux pour compenser la suppression des juridictions. C'est au contraire à partir d'une réflexion préalable sur la répartition des compétences entre les juridictions et l'accessibilité au juge qu'aurait dû se décider l'implantation géographique des tribunaux.
La réflexion sur cette réforme de la justice doit être globale et transparente. Elle ne peut se contenter de prendre en compte les seuls intérêts corporatistes et ignorer totalement ceux du justiciable.
Les nouvelles mesures envisagées ajoutent à l'éloignement géographique, des contraintes financières qui dissuaderont le consommateur de saisir les tribunaux.
Il est absolument anormal d'écarter la représentation nationale de cette réflexion cruciale sur l'avenir du service public de la justice.
L'UFC-Que Choisir réclame donc un débat parlementaire permettant une réelle prise en compte de la voix des justiciables pour une réforme globale et cohérente de la justice.
Lettre ouverte à Madame le Garde des Sceaux
Madame le Garde des Sceaux
Ministère de la Justice
13 Place Vendôme
75042 Paris 01
Paris, le 19 décembre 2007
Madame le Garde des Sceaux,
Je vous adresse la présente lettre pour vous faire part de la très grande inquiétude de l'UFC-QUE CHOISIR sur les conséquences à venir pour les justiciables des réformes que vous avez engagées.
Comme nous l'a confirmé votre cabinet lors de l'entretien du 27 novembre 2007, la suppression massive des tribunaux d'instance mise en oeuvre par les décrets présentés ce jour au Comité Paritaire, ne constitue qu'une première étape de votre réforme de la justice.
De nouvelles réflexions sont annoncées sur la répartition des contentieux, l'extension de la représentation obligatoire par avocat et l'aide juridictionnelle.
Ce morcellement de la réforme de la justice nous semble problématique. Non seulement, il rend l'ensemble de la réforme parfaitement illisible mais surtout, il conduit à des incohérences majeures.
Il est illogique de redistribuer le contentieux entre les juridictions pour compenser la suppression des tribunaux.
C'est au contraire à partir d'une réflexion préalable sur la répartition des compétences et l'accessibilité au juge qu'aurait dû se décider l'implantation géographique des juridictions.
Vous ne pouvez faire l'impasse d'une réflexion d'ensemble et transparente de la justice. La voix du justiciable doit être entendue au même titre que celle des professions judiciaires.
Les nouvelles mesures envisagées et annoncées dans la presse (généralisation de la représentation obligatoire par avocat aux litiges de consommation, instauration de franchises pour l'aide juridictionnelle, transfert des litiges de consommation vers le tribunal de grande instance) ajoutent à l'éloignement géographique des contraintes financières qui dissuaderont le consommateur de saisir la justice.
Il ne serait pas acceptable, compte tenu des enjeux de ces réformes, que les décisions soient une nouvelle fois prises de manière morcelée et sans que la représentation nationale y soit associée.
Seul un débat parlementaire permettrait la conduite d'une réforme du service public de la justice.
L'UFC-QUE CHOISIR vous demande donc instamment de suspendre les décrets visant à supprimer les tribunaux d'instance et d'ouvrir un débat parlementaire global.
Notre association est disposée à participer à ces débats afin de présenter les attentes des justiciables et les réformes en découlant.
Je vous prie de croire, Madame le Garde des Sceaux, à l'expression de ma très haute considération.
Alain BAZOT, Président de l'UFC-Que Choisir