4G, ou les promesses non tenues: l'UFC-Que Choisir dépose plainteUne réaction à « très haut débit » s’impose
Dans une période d’intense matraquage publicitaire autour des offres 4G récemment lancées par les opérateurs téléphoniques, l’UFC-Que Choisir dévoile ce jour son étude de terrain exclusive qui met en lumière l’existence d’un intolérable décalage entre la communication des professionnels et les réelles prestations vendues aux consommateurs.
Cartes de couverture 4G : carton rouge pour Orange et SFR
Les opérateurs ont voulu faire de Paris la « vitrine » de la couverture 4G en annonçant chacun une présence quasi-intégrale. Or, d’après nos tests couvrant 80% des rues parisiennes et reposant sur plus de 60 000 mesures(1), force est de constater que la réalité est bien différente. Ainsi, le réseau 4G d’Orange n’est disponible que sur 79,3% de la capitale, oubliant toute une partie sud-ouest de la ville. Quant à SFR, l’opérateur couvre moins de 75% de ce territoire, laissant de nombreuses poches de vide. Ces chiffres laissent craindre le pire sur l’accès réel de la 4G dans des territoires
français moins visibles. Seul Bouygues affiche des résultats proches de ses annonces, avec une couverture de 99,4%.
4G des villes, 4G des champs : une nouvelle fracture numérique apparait
Alors que les professionnels promettent avec la 4G des débits compris entre 115 et 150 Mbit/seconde, ces vitesses ne seront jamais obtenues pour de nombreux clients. En effet, seules les antennes 2 600 Mhz peuvent atteindre de tels débits. Or, les caractéristiques de ces antennes les destinent à n’être présentes que dans les grandes villes. Pour tous les autres habitants, situés dans les zones moins denses, les antennes 800 Mhz qui y sont implantées ne permettront d’obtenir qu’entre le tiers et la moitié des débits pourtant promis à tous les consommateurs. Ainsi, une nouvelle fracture numérique se prépare. Or les cartes des opérateurs restent sur ce point totalement muettes.
Halte à la désinformation : seule la 4G permet l’accès au « très haut débit » mobile
L’UFC-Que Choisir constate par ailleurs que les opérateurs ne différencient pas, dans leur communication, le « Dual Carrier » ou encore la « H+ » de la 4G lorsqu’il s’agit d’évoquer l’accès au « très haut débit mobile ». Or, quoi que puissent en dire certains opérateurs, les seuls textes règlementaires sur ce sujet – à savoir les décisions de l’ARCEP – leur imposent de ne parler de « très haut débit mobile » que pour la seule technologie 4G.
Au vu des résultats de son étude, l’UFC-Choisir dépose plainte contre Orange France et SFR :
Contre la société Orange France pour pratiques commerciales trompeuses :
- en raison de l’anormal décalage entre la carte de couverture de la ville de Paris que l’opérateur propose sur son site Internet et l’accessibilité effective à son réseau 4G ;
- en raison d’une publicité comparative laissant penser aux abonnés à ses forfaits 4G qu’ils accèderaient à la 4G avec un débit maximum théorique de 150 Mbit/s sur l’ensemble des zones où la technologie serait disponible ;
- en raison de l’assimilation faite par l’opérateur de la H+ et du très haut débit mobile.
Contre la société SFR pour pratiques commerciales trompeuses :
- en raison de l’anormal décalage entre la carte de couverture de la ville de Paris que l’opérateur propose sur son site Internet et l’accessibilité effective à son réseau 4G;
- en raison de l’assimilation faite par l’opérateur du Dual Carrier et du très haut débit mobile.
Par ailleurs, face aux multiples dysfonctionnements qu’elle constate, l’UFC-Que Choisir demande à l’ARCEP :
De créer dès à présent un Observatoire de la 4G, chargé de suivre en temps réel le déploiement du réseau de cette nouvelle technologie et de garantir la validité des allégations des opérateurs, aussi bien sur les couvertures que sur les débits ;
D’imposer aux opérateurs téléphoniques de distinguer dans les cartographies de la 4G qu’ils proposent aux consommateurs les zones selon les débits maximums théoriques que les technologies qui les couvrent autorisent.
(1) Les mesures d’accessibilité à la 4G ont été effectuées à partir de Samsung Galaxy S3 4G.
Retrouver l'étude et les propositions de l'UFC-Que Choisir sur "De l’écart entre promesses et réalité : un indispensable et urgent encadrement du déploiement de la 4G en France" (PDF- 2 753Ko)