Camille Gruhier
MarionUFC-Que Choisir du Morbihan
Elle est arrivée à l’association locale du Morbihan comme stagiaire. Onze années et des dizaines de litiges réglés plus tard, Marion devient à son tour maître de stage.
Ni sa silhouette affutée ni sa tenue décontractée (jean patte d’eph et cheveux noués à la va-vite) ne trahissent la volonté de fer qui la caractérise. Depuis plus de dix ans qu’elle a rejoint l’antenne de Vannes, Marion Lemoine, 34 ans, a fait plier des dizaines d’entreprises. Des minuscules et des géantes, comme Air France ou Nouvelles Frontières. Pour des petits litiges, mais aussi en obtenant des annulations de juteux contrats, jusqu’à 35 000 €.
Son « truc » : arracher des accords amiables en bétonnant son argumentaire juridique. Il faut dire que le droit de la consommation, elle le manie depuis longtemps. Depuis son arrivée à l’UFC-Que Choisir du Morbihan, dans le cadre de son Master 2 en droit des affaires, en tant que stagiaire. C’était en 2007. « Dès les premiers jours, on a décelé en elle une grande professionnelle », se souvient Gilbert, coordinateur historique de l’association qui fut alors son maître de stage. L’ambiance chaleureuse, familiale, et la satisfaction de tirer les consommateurs de situations parfois compliquées l’ont convaincue de rester. « J’adore mon métier de juriste. Agir au service des consommateurs est un plaisir. Être bénévole exige de s’investir, mais en retour, la satisfaction intellectuelle est indéniable, explique Marion. On se forme en continu grâce à nos recherches, les cas sont très variés et on est en contact permanent avec la répression des fraudes, avec des experts en construction, en automobile... Nous menons des enquêtes pour apporter les preuves de la bonne foi des consommateurs. C’est ce que je préfère », confie-t-elle, gentiment impertinente.
Son implication est totale
Ses collègues disent qu’elle est pugnace et que son implication est totale. « Marion est discrète et réservée, mais elle défend les consommateurs avec une grande conviction », constate Véronique, secrétaire de l’association. Pourtant, ils ne la croisent pas tous les jours : Marion bûche à distance. « Tout se passe par e-mail, j’ai toujours un œil rivé sur mon smartphone. » Et l’autre… sur ses six enfants ! « Un tous les deux ans ! Mon mari a toujours voulu une famille nombreuse. Moi j’en voulais deux. Il en voudrait dix. Je pense qu’il va gagner », s’amuse-t-elle, fière du chemin déjà accompli.
Ce chemin l’aurait probablement menée vers d’autres terres si ce prolifique mari, breton pure souche, n’était pas attaché à sa région comme une huître à son rocher. « J’aurais sans doute pu décrocher un bon CDI dans une plus grande ville. Mais je suis heureuse ici, et j’ai fait un choix radical : six mois par an, je pars travailler à Niort, au service protection juridique de la Maif [à 300 km de chez elle, ndlr]. J’ai une chambre là-bas et je rentre tous les week-ends. Ça me fait des vacances ! »
Dans quelques semaines, Marion endossera une nouvelle robe : celle de maître de stage. Elle chapeautera Clément, un étudiant de 23 ans, qui achèvera à son tour, au sein de l’association, son Master 2 en droit. « Ma spécialité ? Pratique contractuelle et contentieux des affaires. Je suis certain de faire un super stage ! » La relève est assurée. Pour l’instant, Marion n’a pas l’intention de quitter l’association. Et c’est tant mieux pour les Bretons.