LogementLes habitants des HLM défendus
L’association locale de l’Artois siège au conseil d’administration d’un bailleur social du Pas-de-Calais.
Il y a huit ans, quand on a proposé à Françoise Duhen, bénévole au sein de l’UFC-Que Choisir de l’Artois, d’entrer au conseil d’administration (CA) de Pas-de-Calais Habitat, dont elle est locataire, elle n’a pas hésité. Cela fait douze ans que l’association locale (AL) a intégré le CA du bailleur social – qui gère 40 000 logements –, au titre des associations de locataires. « 25 % des personnes habitant dans notre périmètre d’intervention vivent en HLM », constate Gérard Barbier, président de l’UFC-Que Choisir de l’Artois, très investi dans cette mission. « Ma préoccupation première, ce sont les locataires. On souhaite peser sur les décisions pour qu’il y ait une réelle prise en compte de leurs besoins », souligne Françoise Duhen. Cette présence au CA lui paraît d’autant plus nécessaire dans le contexte réglementaire actuel (voir encadré) : « La baisse des loyers diminue le financement du bailleur et donc sa capacité à rénover, construire et assurer l’entretien courant des immeubles. » C’est pourquoi elle pose à nouveau sa candidature, en tête d’une liste UFC-Que Choisir de huit personnes, dans le cadre des élections de représentants des locataires auprès des bailleurs sociaux, qui se tiennent du 15 novembre au 15 décembre 2018 et ont lieu tous les quatre ans. L’association locale présente une liste pour trois organismes supplémentaires de la région (pour un total de 200 000 logements).
Un dialogue constant avec les habitants
Françoise, retraitée depuis sept ans, mène avec énergie sa mission, qui lui « prend l’équivalent d’un mi-temps ». Outre son implication au sein du CA, le dialogue avec les habitants des HLM tient une place centrale. Ainsi, après des travaux de réhabilitation, une enquête de satisfaction annuelle qu’elle réalise fait remonter auprès de Pas-de-Calais Habitat les problèmes rencontrés. Elle a aussi mis en place un observatoire des charges locatives et organise des réunions avec les résidents sur le sujet. Enfin, elle a instauré la procédure de suivi des requêtes des locataires qui font appel à l’association locale. Elle et les autres bénévoles de l’AL jouent ici le rôle d’intermédiaire avec l’office public HLM : « Depuis le début 2018, nous avons recueilli 150 demandes. Elles concernent principalement des travaux à réaliser, des souhaits de logements ou de mutations, et des informations sur les charges. » Très active, l’UFC-Que Choisir de l’Artois fait figure de précurseur en tant que membre du conseil d’administration d’un bailleur social. D’autres AL, partout en France, lui ont emboîté le pas et se présentent aux élections de fin d’année. On leur souhaite bonne chance !
Loi Élan, un sujet d’inquiétude
Les élections des représentants des locataires au sein des bailleurs sociaux se tiennent dans le contexte de la loi Élan (évolution du logement, de l’aménagement et du numérique), adoptée le 19 septembre en commission mixte paritaire (Assemblée nationale + Sénat). Voici les principaux changements concernant le logement HLM.
- Les bailleurs sociaux ayant moins de 12 000 logements sont tenus de se regrouper. Bailleurs sociaux publics et privés, par exemple, pourront fusionner. Certains locataires changeront alors de bailleur.
- Les objectifs de ventes de logements sociaux passent à 1 % de l’ensemble du parc, soit 40 000 par an (contre 8 810 en 2016). Les locataires sont prioritaires pour l’accession, mais des sociétés privées (promoteurs, par exemple) pourront acheter des lots. Avec la crainte qu’ils les détruisent sans les reconstruire ailleurs.
- Ces mesures accompagnent la baisse des loyers, entrée en vigueur avec la loi de finances le 31 décembre 2017, pour les locataires touchant l’aide personnalisée au logement, l’APL (laquelle diminue d’autant).