Jeux vidéoLa révolte des bannis
De nombreux joueurs ont été exclus sans raison de jeux en ligne, dont ceux de la franchise Call of Duty. L’UFC-Que Choisir de Nancy les défend.
Pascal, Brayan, Océane, Rémi, Andréa et Antoine sont fans de Call of Duty, la série de jeux vidéo de tir la plus vendue au monde, mais ils ne peuvent plus s’affronter en ligne. Pourquoi ? L’accès à leur compte a été bloqué par l’éditeur du jeu, Activision. Sans raison, protestent-ils. Et ce alors qu’ils ont souvent dépensé, durant leurs parties, des centaines, voire des milliers d’euros en armes ou en costumes pour leur personnage. Rémi, de Maxéville (54), est le premier à demander de l’aide à l’UFC-Que Choisir de Nancy, en octobre 2020, après avoir été banni de Call of Duty : Modern Warfare. L’association locale (AL) contacte alors Activision afin de réclamer la levée de cette interdiction ou, au moins, en obtenir les motifs. « De nombreux joueurs mécontents ont affirmé être dans une situation similaire », souligne-t-elle dans son courrier. L’éditeur répond en accusant Rémi d’avoir utilisé un logiciel de triche, mais sans le prouver, et refuse de revenir sur sa décision. L’AL saisit la direction départementale de la protection des populations (DDPP) des Hauts-de-Seine, où se trouve le siège d’Activision. Cette dernière remarque que « des conditions d’utilisation [du jeu] et certaines mentions du contrat sont abusives ». Ciblées : les dispositions réservant le droit à la société de révoquer l’engagement sans préavis. Forte de cette analyse, l’association relance Activision, qui finit par rétablir le compte de Rémi et affirme avoir « pleinement pris en compte les observations » de la DDPP et travailler à « adapter les clauses visées ».
Or, ces promesses ne sont pas suivies d’effet. En 2021, un autre joueur, Jean-Charles, est exclu puis réadmis par Activision après l’envoi par l’association nancéenne de plusieurs courriers. Depuis, l’AL est submergée de plaintes concernant des bannissements abusifs sur les jeux Call of Duty, mais aussi Destiny 2 (de l’éditeur Bungie), Dead by Daylight (Behaviour Interactive), Chevalier du Dragon (Opogame), etc. De son côté, en trois ans, Activision n’a apporté aucune modification aux conditions d’utilisation de ses jeux et a même cessé de répondre aux sollicitations de l’association locale. Face à ce mutisme, celle-ci saisit de nouveau la DDPP en dénonçant « la résiliation du contrat sans préavis, en méconnaissance de l’article R. 212-2 du Code de la consommation ; l’absence de preuve rapportée par la société, en méconnaissance de l’article R. 212-1 du code précité ; l’absence de service de médiation, en méconnaissance de l’article L. 612-1 du code précité ». En juillet 2023, la DDPP annonce enquêter sur les pratiques d’Activision. L’AL de Nancy, quant à elle, rencontre un avocat afin qu’une plainte soit déposée en son nom et en celui de ses adhérents victimes, souvent jeunes. La victoire de l’UFC-Que Choisir « nationale » contre Nintendo Switch à propos de ses manettes Joy-Con défectueuses montre bien que, dans la bataille contre les éditeurs, il est utile de nous avoir dans l’équipe !
UFC-QUE CHOISIR DE NANCY (54)