Fracture sanitaireNantes présente son cahier de doléances
Améliorer l’accès de tous aux soins : un grand combat de l’UFC-Que Choisir décliné à l’échelle locale. Exemple.
Depuis des années, l’UFC-Que Choisir se mobilise sur la réduction de la fracture sanitaire. Sa dernière initiative en date est la campagne « J’accuse l’État ». Point d’orgue de celle-ci : le recours déposé devant le Conseil d’État pour inaction du gouvernement. La situation est critique. Trop de Français ne trouvent pas de médecin traitant ou vivent dans un désert médical. Bien sûr, toutes les opérations lancées autour de ce problème de société majeur sont relayées sur le terrain, au plus près des populations et des gestionnaires de notre santé. Ainsi, l’association locale (AL) de Nantes dresse le bilan des actions entreprises sur ce thème dans le dernier numéro de son bulletin trimestriel, Conso’Nantes. Elle commence par rappeler les deux principales revendications de l’UFC-Que Choisir. D’une part, « l’instauration d’un conventionnement territorial des médecins, afin de garantir une meilleure répartition des professionnels de santé dans l’ensemble du pays ». D’autre part, « la fermeture du secteur 2 (tarifs libres), à l’origine du développement incontrôlé des dépassements d’honoraires ».
Le mécontentement s’amplifie
Pour faire vivre ces revendications, l’association locale nantaise et son homologue de Saint-Nazaire sont intervenues auprès du directeur de la caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) de Loire-Atlantique. Elles lui ont présenté plusieurs demandes. La première d’entre elles : « Organiser un système de désignation effective et efficace d’un médecin traitant à chaque usager, et au moins disposer dans chaque territoire d’un interlocuteur qui puisse trouver des solutions. » En outre, les AL dénoncent la hausse « anormale des tarifs de consultation (5 €) chez un certain nombre de généralistes du département, sous le couvert de requête exceptionnelle du patient ». Ou encore « les pratiques inadmissibles de suppléments d’honoraires, le refus de soins à des bénéficiaires de l’aide médicale d’État ou de l’assurance complémentaire santé (ex-CMU) et les dépassements d’honoraires dans certaines spécialités chirurgicales (prothèses d’articulation, ophtalmologie), considérés comme excessifs par de nombreux patients ».
Pour illustrer la pertinence du diagnostic, Conso’Nantes évoque les nombreux témoignages recueillis par les deux AL. Par exemple, ceux liés aux « suppléments » réclamés en sus du prix de la consultation. « Des usagers ont été très surpris de lire, sur une affiche dans des salles de cabinets de médecins, qu’une consultation portant sur plus de deux motifs ou d’une durée supérieure à 20 minutes serait facturée 15 € en plus (à la charge de l’assuré) », relate le bulletin. À la clé, un risque de dérive dans la mesure où « ce procédé irrégulier banalise les augmentations d’honoraires déguisées ». Quant aux dépassements exagérés relevés en chirurgie, ils sont également vivement critiqués par les patients. « En prenant l’exemple de la prothèse de hanche, “le tarif supplémentaire” est, en moyenne, de 500 € chez les chirurgiens en honoraires libres de l’agglomération nantaise, souligne le trimestriel. Et à cette majoration payée au praticien s’ajoute le plus souvent celle de l’anesthésiste (200 €). » L’association nantaise rappelle que « la pratique des dépassements d’honoraires est légale »… sous réserve de respecter le principe déontologique de « tact et mesure ». « Or, précise-t-elle, cette notion n’a plus de réalité lorsqu’il est impossible de trouver un chirurgien orthopédique qui n’impose pas de tarifs majorés. » Ce paquet de revendications est maintenant sur le bureau du responsable de la CPAM du département. Au moment de la rédaction de ces lignes, il n’avait pas encore apporté de réponses concrètes à toutes ces questions… certes compliquées à régler.
UFC-QUE CHOISIR DE NANTES ET DE SAINT-NAZAIRE (44)