Marie Bourdellès
Épandages agricolesPas près de nos habitations !
Près de 30 associations locales ont écrit à leur préfet pour réclamer que l’on augmente les distances de sécurité entre les épandages et les habitations.
Depuis maintenant plus de six mois, l’UFC-Que Choisir s’oppose fermement aux dernières mesures concernant les distances minimales de sécurité à respecter entre les zones d’épandage agricole et les logements. Ainsi, le décret du 27 décembre 2019 autorise des intervalles de 5 ou 10 mètres en fonction du type de culture (haute ou basse) et de 20 mètres si les pesticides utilisés contiennent des substances préoccupantes ; des dispositions largement insuffisantes pour préserver la santé des populations vivant à proximité des parcelles traitées. Pire, une charte issue d’un dialogue entre agriculteurs, élus locaux et résidents devait permettre d’abaisser, sous certaines conditions, cet éloignement à 3 mètres, soit à peau de chagrin. Mais depuis le 3 février, selon une instruction technique de la Direction générale de l’alimentation (DGAL), rattachée au ministère de l’Agriculture, il n’est plus nécessaire que la concertation soit terminée pour que les réductions s’appliquent, et ce jusqu’au 30 juin. Plus grave, le 30 mars, sous couvert de confinement (qui rend la consultation difficile), les modalités de diminution de cet écart sont assouplies ! Face à ces décisions ne protégeant ni les milieux (en particulier, les ressources en eau) ni les habitants, et négligeant l’avis de ces derniers, l’UFC-Que Choisir, avec un collectif d’ONG, a déposé divers recours devant le Conseil d’État. Fin avril, début mai, 27 associations locales (AL) se sont jointes à ces actions, en écrivant aux préfets. Ainsi, dans son courrier, l’UFC-Que Choisir de Nancy (54) fait part des inquiétudes des riverains « face aux épandages fréquents […], très proches des habitations en milieu rural » et demande qu’ils soient consultés avant validation d’une charte. « Nous voulons non seulement des distances de sécurité plus importantes, mais aussi qu’[ils] soient informés des produits pulvérisés et qu’ils soient présents dans les comités de suivi », revendique Pierre Guillaume, vice-président de l’UFC-Que Choisir de la Sarthe, également membre de la commission alimentation et agriculture de l’UFC-Que Choisir, qui a coordonné cette opération. Les réponses se font toujours attendre, alors que la saison des épandages est en passe de s’achever à l’heure où nous écrivons ces lignes…