Marie Bourdellès
Action en justiceLes bassines tombent à l’eau
En juin dernier, le tribunal administratif de Poitiers a annulé un arrêté préfectoral qui prévoyait la création de huit bassines de rétention d’eau à usage agricole. Une victoire pour l’UFC-Que Choisir de la Vienne.
Préserver la ressource en eau potable, voilà l’objectif de l’UFC-Que Choisir de la Vienne. L’association locale (AL) s’est engagée dans un combat judiciaire aux côtés d’autres organisations (Vienne nature, Confédération paysanne 86, Poitou-Charentes nature). Dans son collimateur, le projet de construction de 41 bassines de substitution d’eau pour les agriculteurs. Le principe consiste à récupérer l’eau qui tombe l’hiver et alimente les rivières pour la stocker dans ces réserves, puis à s’en servir l’été pour irriguer les terres agricoles. En réalité, « ils pompent dans les nappes souterraines, pas seulement en surface. L’été, ces dernières se retrouvent en difficulté », souligne Jean-Pierre Coillot, de l’AL de la Vienne.
La ressource aquatique accaparée par une minorité
Quatre procédures ont été lancées. L’une vient d’être gagnée. Elle vise l’arrêté du 7 juillet 2017 de la préfète du département autorisant la création de huit bassines pour irrigation. Le 6 juin, le tribunal administratif de Poitiers a annulé l’arrêté et condamné l’État à verser 2 000 € à l’AL de la Vienne. Motif : les chiffres de prélèvement annoncés étaient supérieurs à ce que prévoit le schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux (Sdage) Loire-Bretagne. Cette victoire représente « un premier pas très important », selon Jean-Pierre Coillot. L’AL travaille sur le sujet depuis plus de 10 ans. Un an de préparation a été nécessaire avant de saisir la justice. Au cœur du conflit, l’enveloppe de 50 millions d’euros réclamée par des agriculteurs irrigants à l’Agence de l’eau Loire-Bretagne. « Ils espèrent être financés à 70 %, voire plus, avec de l’argent public, alors qu’il s’agit d’investissements privés. Ce projet ne bénéficie qu’à 4 % des agriculteurs du département, qui accaparent les finances publiques et l’eau. Ces bassines sont souvent destinées à la culture intensive du maïs, non adaptée à notre région car nécessitant beaucoup d’eau. Cela va à l’encontre de l’intérêt collectif, de la population et des autres exploitants », martèle Jean-Pierre Coillot. Et de rappeler qu’en moyenne, le consommateur finance à 85 % les agences de l’eau via ses factures. De plus, un tel projet entraînerait la hausse du prix de la ressource aquatique et la baisse des investissements pour sa protection. À l’heure où nous écrivons, la préfecture n’a pas fait appel. Trois instructions restent en cours mais l’espoir est permis !