Florence Humbert
Cosmétiques et perturbateurs endocriniens66 produits analysés
Conservateurs, filtres solaires, émollients… Certains ingrédients des cosmétiques et des produits d’hygiène sont-ils susceptibles de mettre en péril notre santé ? Pour le savoir, Que Choisir a réalisé un test portant sur 66 produits de grande consommation, en collaboration avec trois autres associations européennes.
« Une menace mondiale pour la santé humaine et l’environnement », c’est ainsi qu’un rapport récent de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) désigne les perturbateurs endocriniens. Parabènes, phtalates, bisphénol A, dioxines… Ces substances chimiques sont soupçonnées, même à des doses infinitésimales, de perturber ou d’interférer avec notre système hormonal. D’autant qu’on les retrouve partout, tant au travers des objets que nous utilisons quotidiennement, que par le biais de l’environnement. Elles ont la propriété de mimer ou de bloquer l’action de nos hormones et pourraient être en grande partie responsables de l’augmentation de nombreux troubles et pathologies (infertilité, cancers hormono-dépendants, diabète, etc.) observés à travers le monde durant ces dernières décennies.
À Que Choisir, ce n’est pas la première fois que nous tirons la sonnette d’alarme. Phtalates dans les jouets, dans les sièges auto ou le PVC, bisphénol A dans les contenants alimentaires… Nos tests traquent régulièrement ces substances indésirables. Cette fois, c’est au tour des cosmétiques et des produits d’hygiène corporelle d’être passés au crible de nos analyses. Conservateurs, filtres solaires, émollients, conditionneurs… certains ingrédients de nos crèmes de beauté et autres cosmétiques sont susceptibles de perturber notre système hormonal. La réglementation prend en compte ces risques. À défaut d’être interdites, ces substances sont soumises à des restrictions de concentration. Mais l’effet « cocktail » lié à l’emploi de plusieurs produits au cours de la journée reste mal évalué. C’est pourtant ce qui se passe au quotidien. Tous les matins, on utilise un gel douche et du dentifrice, ensuite souvent une crème pour le visage, un lait corporel et du déodorant. Et pour beaucoup de femmes, le maquillage est incontournable. Au total, ce sont déjà 8 à 10 produits différents que l’on applique sur notre peau et c’est un minimum.
Notre test, mené avec trois autres associations de consommateurs européennes, tente d’évaluer la dangerosité des produits cosmétiques les plus couramment utilisés par chacun d’entre nous : gel douche, dentifrice, shampoing, produits de maquillage… au total, 66 produits renfermant des substances indésirables ont été sélectionnés. Seule une moitié d’entre eux est vendue en France mais tous sont disponibles en ligne sur Internet ou susceptibles d’être achetés au cours d’un voyage. Les résultats que nous publions dans notre test portent donc sur l’ensemble du panel. Au total, une vingtaine de molécules ont été analysées : des perturbateurs endocriniens avérés ou suspectés, mais aussi de nouvelles substances proposées comme alternatives aux perturbateurs sur lesquelles on dispose encore de peu de recul. Grâce aux concentrations mesurées dans chaque produit, nous avons évalué le risque inhérent à chacune de ces substances et surtout à leurs effets en cas d’exposition cumulée. Les taux les plus préoccupants sont ainsi directement lisibles dans notre tableau ainsi que les classes de risques associés.
Les concentrations des principales substances inquiétantes dans les cosmétiques (exprimés en grammes par kilogrammes de produit)
Ces cosmétiques sont tous actuellement présents sur le marché européen. Certains fabricants annoncent un changement de formulation et l'on ne peut que s'en réjouir.
Les cosmétiques à rincer
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Les cosmétiques qui restent sur la peau
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Le maquillage
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Le phénoxyéthanol remplace peu à peu les parabènes dans les cosmétiques. L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé déconseille les produits qui en contiennent plus de 4 g/kg pour les enfants.
n.d. : non déterminé
Retrouver également notre enquête sur les perturbateurs endocriniens.