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Tarifs de l’électricitéUne fausse bonne nouvelle

La Commission de régulation de l’énergie (CRE) recommandait une hausse des tarifs de l’électricité de + 8 % ce 1er août. La ministre de l’Écologie l’a limitée à + 2,5 %. Un moindre mal a priori, mais il est inutile de se réjouir. 

Avec + 8 % d’augmentation réclamée pour ce 1er août, le rapport de la Commission de régulation de l’énergie (CRE) avait jeté un froid le mois dernier. La ministre de l’Écologie, Ségolène Royal, a aussitôt calmé le jeu en limitant la hausse des tarifs de l’électricité à + 2,5 %. Pour les gouvernements, qu’ils soient de gauche ou de droite, refuser ou minorer les augmentations du prix de l’énergie est d’ailleurs devenu une habitude ces dernières années.

En 2012 par exemple, les tarifs de l’électricité ont augmenté de + 2 % au lieu des + 7 % préconisés par la CRE. En 2013, la hausse fut très significative avec + 5 %, mais cette fois la CRE recommandait + 9,6 % ! Et en 2014, la ministre de l’Écologie a d’abord gelé l’augmentation de 5 % réclamée par EDF et avalisée par la CRE. Suite à la mise en place d’une nouvelle formule de calcul du prix de l’électricité, basée en partie sur les prix du marché de gros de l’électricité et plus seulement sur les coûts comptables d’EDF, une hausse de + 2,5 % est finalement intervenue en novembre 2014.

L’UFC-Que Choisir devrait a priori se réjouir de ces limitations des hausses de tarif puisque à court terme, c’est tout bénéfice pour les consommateurs, elles préservent leur pouvoir d’achat. Mais ce n’est que partie remise, l’addition commence d’ailleurs à peser lourd pour les usagers, tant sur le gaz que, depuis peu, sur l’électricité. Ce sont les fameuses factures rétroactives, qui ont suscité tant d’incompréhension chez les usagers du gaz et qu’il faut malheureusement payer comme l’a expliqué Que Choisir.

Le mécanisme des factures rétroactives est rigoureusement identique pour l’électricité. Presque à chaque fois que les pouvoirs publics gèlent ou limitent la hausse de tarif demandée par EDF et avalisée par la CRE, les fournisseurs d’énergie alternatifs attaquent la décision. Jusqu’à présent, se fondant sur le seul cadre juridique, le Conseil d’État leur a donné raison en imposant une hausse tarifaire rétroactive. Elle gonfle déjà les factures d’électricité depuis le printemps. Les montants réclamés compensent le manque à gagner d’EDF au titre de 2012-2013, quand le gouvernement a limité la hausse à + 2 %, au lieu des + 7 % réclamés, pour protéger le pouvoir d’achat des ménages. La hausse de + 2,5 % de ce 1er août inclut d’ailleurs une partie des rattrapages. Sans eux, la nouvelle formule de calcul aurait fait baisser le prix de l’électricité de - 1 %.

Les économies réalisées ces dernières années reviennent donc en boomerang en surfacturation aujourd’hui, et ce n’est peut-être pas fini. Les fournisseurs d’énergie, furieux du manque à gagner, ont engagé un nouveau recours l’automne dernier, suite à la hausse limitée à + 2,5 %. Le Conseil d’État devra se prononcer.

Les mauvaises surprises pourraient donc encore tomber, et les factures continuer à s’alourdir plus que de raison… 

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Élisabeth Chesnais

Élisabeth Chesnais

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