Elsa Casalegno
Produits non essentielsLe grand bazar de la fermeture des rayons
Par « souci d’équité » avec les petits commerces indépendants, les grandes surfaces sont tenues de fermer les rayons de produits « non essentiels » (1). Pour autant, une enquête exclusive menée par l’UFC-Que Choisir montre que bon nombre d’enseignes sont hors des clous.
Jouets, livres, CD, jeux vidéo, gros électroménager, meubles, habillement et articles de sport (sauf vélos), décoration/arts de la table, bijoux, plantes et fleurs… Autant de produits qu’il est en théorie impossible d’acheter, du fait de la fermeture des commerces dits « non essentiels ». Initialement limitée aux petites boutiques, cette interdiction de vente a été étendue, dans un souci d’équité, à la grande distribution. Mais cette décision gouvernementale est-elle bien respectée par les grandes surfaces ? Les bénévoles de l’UFC-Que Choisir sont allés le vérifier : du 17 au 23 novembre, 71 associations locales ont mené l’enquête dans 361 grandes surfaces (enseignes traditionnelles et hard-discounters), sur l’ensemble du territoire. Le résultat est sans appel : plus de 1/5 des rayons non essentiels sont toujours ouverts.
21 % des rayons non essentiels toujours accessibles
Malgré l’interdiction, en moyenne 21 % de ces rayons restent ouverts (lorsqu’ils sont présents dans le magasin), avec de fortes disparités selon les types de produits : plutôt respectée sur les jouets et livres, l’interdiction l’est nettement moins sur les plantes et fleurs et sur la décoration/arts de la table.
Plus surprenant, certains produits autorisés ne sont parfois pas accessibles (7 % des magasins), généralement le petit électroménager, et même les couches pour bébé dans un point de vente !
Parmi les enseignes, certaines respectent moins l’interdiction que d’autres. Auchan est le moins correct, avec 29 % de rayons non essentiels ouverts en moyenne, suivi par Carrefour (22 %) et Casino (20 %). Les petits commerçants ne leur disent pas merci !
Des produits toujours accessibles
Il ne suffit pas de déclarer les rayons fermés, encore faut-il que les produits soient réellement hors de la portée des clients. Ce n’est le cas que pour 48 %. Plus de la moitié restent donc accessibles. Quand les rayons sont fermés, des rubalises en barrent l’accès dans 63 % des cas. D’autres magasins ont fermé les travées avec des barrières ou posé des panneaux devant les produits proscrits. Mais ces systèmes n’empêchent vraiment de prendre les produits que dans 48 % des cas. Lorsqu’il était possible d’attraper un produit dans les rayons fermés, quelques enquêteurs ont essayé de les passer en caisse. Bilan : 2/3 de ces 26 personnes ont pu les acheter. Pour les autres, les caissières ont retiré les produits des courses ou n’ont pas pu les scanner.
La parade du « click & collect »
Les enseignes ont aussi trouvé une autre parade à l’interdiction : le tiers d’entre elles ont mis en place un stand de click & collect à l’intérieur du magasin, dont 38 % fonctionnaient en passant commande dès le début des courses, pour un retrait quelques minutes après.
(1) À l’exception des supérettes de moins de 400 m2, non concernées par les restrictions.
Isabelle Bourcier
Observatoire de la consommation