Camille Gruhier
YotaPhone 2Le smartphone double face
Il y a un an, le fabriquant russe Yota lançait le YotaPhone, un smartphone intégrant un écran à encre électronique sur sa coque arrière. Cet appareil avait connu un petit succès d’estime grâce à l’originalité de son concept, sans vraiment convaincre. Place aujourd’hui au YotaPhone 2, plus abouti, assez séduisant, mais vendu au prix dissuasif de 699 €.
Face A, un smartphone Android classique, doté d’un écran full HD de 5 pouces (12,7 cm), aux finitions soignées et aux caractéristiques très correctes (32 Go de stockage dont 25 Go à disposition de l’utilisateur, un processeur Snapdragon 800 à 2,2 GHz, 2 Go de mémoire vive, un appareil photo de 8 Mpx à l’arrière et 2,1 Mpx à l’avant, Bluetooth 4.0, GPS, NFC, etc.). L’originalité de ce smartphone se trouve en face B, sur sa coque arrière : Yota, son fabriquant, a eu l’idée d’y intégrer un second écran. Pas un écran en couleur comme sur la façade, mais un affichage à encre électronique, comme ceux rencontrés sur les liseuses de type Amazon Kindle ou Fnac Kobo. Yota n’en est pas à son coup d’essai, il avait sorti une première version de ce smartphone double face, le YotaPhone que nous avions testé il y a un an. Salué pour l’originalité de son concept, il n’avait toutefois pas dépassé le cercle des connaisseurs. L’appareil souffrait de plusieurs défauts, corrigés sur le nouveau YotaPhone 2, que nous avons pu prendre en mains plusieurs jours.
Interface identique
Nos tests en laboratoire permettront de mesurer les performances du YotaPhone 2 « face A », ce smartphone traditionnel dont les composants laissent entrevoir un bon potentiel (les résultats seront publiés début février). Ses bords arrondis assurent en tout cas une prise en mains agréable. Ce qui a retenu notre attention ici, c’est bien sûr son écran à encre électronique et la pertinence de ce concept. En un mot ? Intéressant !
Rappelons que l’encre électronique ne consomme que très peu d’énergie (les liseuses électroniques offrent des autonomies de plusieurs semaines). C’est là le principal intérêt de l’exploiter sur un smartphone, dont la batterie, habituellement, ne tient pas plus d’une journée. Sur le YotaPhone 2, l’utilisateur peut définir un niveau de batterie en dessous duquel l’écran « e-ink » devient l’écran principal. Cet écran noir et blanc affiche alors une interface parfaitement identique à la version classique et toutes les applications sont disponibles. L’écran, désormais tactile (contrairement à celui de la première version du YotaPhone), est nettement moins réactif que l’écran principal, et les manipulations plus lentes. Mais il permet de répondre à un message, de passer un coup de fil, d’afficher une carte ou même de naviguer sur Internet au besoin. Pratique.
Notifications permanentes
Cet écran e-ink est allumé en permanence. Par défaut, il affiche l’heure, la météo, ou un fond d’écran, à l’utilisateur de choisir. Mais surtout, il affiche les notifications du smartphone : appels entrants, messages reçus, rendez-vous à venir, etc. Le fabricant annonce un taux de rafraîchissement de l’écran de 0,12 seconde. Autrement dit, l’écran principal en couleur, énergivore, est beaucoup moins souvent allumé que sur un smartphone classique : la batterie est donc, elle aussi, moins sollicitée. Yota propose en outre une fonction innovante, baptisée « life after death » (« la vie après la mort ») : elle permet d’afficher une information capitale – adresse d’un rendez-vous, titre de transport ou billet de concert – même si la batterie du smartphone est complètement à plat.
Pour lire ? Pas forcément
Yota utilise astucieusement la technologie e-ink pour prolonger l’autonomie de la batterie. Mais contrairement à ce qu’on pourrait imaginer en premier lieu, ce second écran n’a pas forcément vocation à être utilisé pour la lecture, comme une liseuse. Certes il en est parfaitement capable, d’autant qu’il ne pose aucun problème de compatibilité de fichier puisqu’il suffit d’afficher l’application sur l’écran e-ink comme on le ferait sur l’écran principal. Yota propose même une application dédiée, le Yota Reader. Certes cet écran ne fatigue pas les yeux (il n’est pas rétroéclairé). Mais il s’avère un peu trop petit, et une rapide comparaison avec un Kindle par exemple laisse apparaître une moins bonne qualité d’affichage du texte.Au final, avec ce second écran, le YotaPhone 2 se distingue intelligemment de la concurrence. Mais son prix gâche un peu la fête : à 699 €, il se positionne comme un smartphone très haut de gamme. Il n’y a guère que l’iPhone 6 et l’iPhone 6 Plus d’Apple qui dépassent ce tarif (respectivement 709 et 809 € avec 16 Go de stockage).