Camille Gruhier
Windows Phone 7Microsoft ferme son système
Le smartphone fait de plus en plus d’adeptes. Pour séduire les consommateurs, Microsoft a lancé Windows Phone 7, la nouvelle version de son système d’exploitation mobile. Innovant par certains aspects, le système devient, comme celui d’Apple, fermé.
Après des années passées à végéter sur le marché des smartphones, Microsoft veut revenir en force. Le groupe américain a assisté, impuissant, à l’insolent succès d’Apple avec ses iPhone successifs, et observé l’incontestable percée de Google avec son système Android (lire l’encadré ci-dessous). Pour rattraper son retard, celui qui avait présenté son premier « téléphone intelligent » en 2002 a fait table rase du passé. « Nous sommes repartis d’une page blanche pour offrir une interface nouvelle, fluide, où toute manipulation s’opère en un clic », expliquait Éric Boustouller, le président de Microsoft France, lors du show à l’américaine orchestré pour présenter son nouveau bébé.
Nouvelle, l’interface l’est résolument. Notre première prise en mains (sur un Samsung Omnia 7), avant les tests en laboratoire à venir, fut même une bonne surprise. Manifestement, Microsoft a cherché à se démarquer de la concurrence et eu la bonne idée de ne pas la copier trait pour trait. L’écran d’accueil, organisé par dossiers (des « hubs ») thématiques (contacts, photos, musique, etc.), change des habituelles icônes. La navigation dans les menus, fluide et intuitive, s’articule autour d’une touche maîtresse, la touche « retour en arrière », présente sur tous les appareils équipés du système. Contrairement à Apple, Microsoft ne fabrique pas ses propres terminaux. Mais il a donné des directives strictes à ses partenaires constructeurs (HTC, LG et Samsung).
Ordinateur de rigueur
Bien sûr, l’interface donne accès à une boutique d’applications, l’équivalent de l’App Store chez Apple, de l’Android Market chez Google ou encore du Blackberry App World chez RIM. Chez Microsoft, elle prend le nom de Zune Marketplace. C’est dans cette boutique virtuelle, accessible depuis le téléphone, que le consommateur trouvera de petits logiciels tantôt ludiques, tantôt pratiques, et souvent gratuits, à installer. « Zune », c’est également le nom du logiciel que tout utilisateur devra obligatoirement loger sur son ordinateur. Car si le système d’exploitation a sa personnalité propre, Microsoft a tout de même chapardé à son concurrent de toujours une bonne vieille recette : celle du circuit fermé. De même qu’Apple contraint ses utilisateurs à installer iTunes sur leur ordinateur pour utiliser leur iPhone, Microsoft adosse désormais ses Windows Phone à Zune. C’est à travers lui, et à travers lui seulement, qu’il pourra synchroniser sa musique, ses vidéos, ses documents, et sauvegarder tout le contenu de son téléphone. Impossible de copier-coller librement ses fichiers comme sur une clé USB. Cette marge de manœuvre réduite n’a pas freiné l’ascension d’Apple. Pénalisera-t-elle Microsoft ?
L’OS au premier plan
De peu d’importance sur un modèle basique, le logiciel interne du téléphone constitue le nerf de la guerre sur le terrain des smartphones. La richesse des fonctionnalités offertes par ce type d’appareil (surf sur Internet, navigation GPS, installation d’applications, etc.) place le logiciel, véritable chef d’orchestre, au premier plan. On peut même se demander s’il ne déterminera pas à l’avenir le choix des consommateurs. Comme sur un ordinateur, on parle de « système d’exploitation » (OS). Le plus populaire est celui de Nokia, Symbian, qui se taille la part du lion avec Apple et son iOS (35 et 32 % du marché français) 1. Windows Mobile suit péniblement (14 %), et voit Android (Google) et Blackberry (RIM) dans son rétroviseur (12 et 7 %).
1. Source : ComScore, juillet 2010.