Camille Gruhier
Livres électroniquesDécryptage
Avant de s’équiper d’une liseuse électronique, de nombreuses questions peuvent dérouter : quels sont les différents formats de livres numériques, où les acheter, peut-on les prêter ? Nos réponses.
→ Test Que Choisir : Comparatif Livres électroniques
Quels sont les principaux formats de livres ?
Le cas des fichiers gratuits
Le format le plus fréquent est l’ePub (pour « electronic publication »). Ouvert et standardisé, il présente l’avantage d’ajuster le texte à la tablette sur laquelle il est lu, conservant la mise en page et les options disponibles (taille de la police, zoom, etc.).
Le PDF, créé par Adobe en 1993 et qui s’est imposé depuis, est également très courant.
Mobipocket, une société française spécialisée, à la base, dans la lecture de livres numérisés sur PDA et smartphones, a mis au point deux formats désormais assez fréquents : le MOBI et le PRC. Ils sont tous les deux dérivés du format ouvert ePub.
On rencontre également le html, conçu initialement pour la mise en page des sites Internet, le rtf (Rich Text Format) et le txt (Plain Text Format).
La plupart des modèles de livres électroniques sont compatibles avec tous ces formats. Soulignons tout de même l’exception Amazon, qui n’accepte le très populaire ePub sur aucun de ses Kindle.
Le cas des fichiers payants
Les fichiers payants sont verrouillés avec des DRM (Digital Rights Management). Il s’agit la plupart du temps de fichiers ePub sur lesquels a été apposé un cadenas limitant le nombre de copies (il peut aussi être question de PDF ou de PRC verrouillés).
Quatre systèmes existent :
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Le DRM selon Amazon
Le libraire américain verrouille ses fichiers avec un système propriétaire pour en faire des .AZW. Ils ne sont lisibles que sur ses propres tablettes, les Kindle.
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Le DRM selon Mobipocket
Mobipocket, filiale d’Amazon depuis 2005, verrouille avec un système propriétaire les fichiers qu’il vend à d’autres distributeurs (Numilog.com, par exemple). Il s’agit de PRC verrouillés.
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Le DRM selon Apple
Comme Amazon, Apple a créé un univers fermé avec un DRM propriétaire dont il affuble les fichiers qu’il vend dans son iBookStore. Seuls les iPad et les iPhone sont capables de les déchiffrer.
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Le DRM selon Adobe
Les éditeurs et les distributeurs qui, contrairement à Amazon ou Apple, ne maîtrisent pas l’intégralité de la chaîne de distribution des livres électroniques optent pour le système Adobe. C’est le cas de Fnac.com, par exemple. Les fabricants doivent rendre leurs tablettes compatibles (ils payent pour cela un « droit d’entrée » à Adobe).
Évidemment, ces différents systèmes ne sont pas compatibles entre eux. De fait, il est donc impossible :
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de lire sur un Kindle un fichier acheté sur l’iBookStore d’Apple ;
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de lire un fichier acheté sur Fnac.com sur un iPad ou un iPhone ;
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ou encore de lire un fichier acheté sur Fnac.com sur un eBook compatible ePub mais pas ePub Adobe (iRiver Story, par exemple).
Popularité oblige, certains vendeurs se sont arrangés pour que leurs fichiers « DRMisés » soient malgré tout lisibles sur l’iPad et l’iPhone d’Apple. La parade est simple : il leur a suffi de développer une application dédiée, à télécharger dans la boutique en ligne AppStore. C’est le cas d’Amazon et de Numilog.
Quels sont les ouvrages adaptés aux liseuses ?
Les liseuses sont bien adaptées au texte, et donc à la lecture de romans. Elles sont aussi capables d’afficher des images et permettent de consulter du texte enrichi, comme des guides de voyage, des ouvrages pratiques, des articles de presse illustrés ou des bandes dessinées. Ces dernières obligent toutefois à zoomer dans la page pour lire les phylactères (les « bulles »). Il est aussi possible d’y glisser des documents personnels, si la liseuse est compatible avec leur format (aucun souci pour lire des documents jpeg, pdf ou txt). Dans la plupart des cas, il suffit de les transférer par un simple copier-coller une fois l’appareil connecté en USB à son ordinateur. Seul Amazon, avec ses Kindle, oblige à envoyer ses fichiers à une adresse e-mail dédiée depuis une adresse e-mail préalablement approuvée.
Où se procure-t-on des livres ?
L’offre d’« eBooks » est pour une grande part constituée d’œuvres classiques libres de droits, donc gratuites. Elles sont à disposition sur le Web sur des sites comme Ebooksgratuits.com, Livrespourtous.com ou encore Manybooks.net. Vous les trouverez parfois en version payante (autour de 1 €), avec la garantie que le texte est sans coquilles ni fautes d’orthographe, et mis en forme pour les liseuses. Parallèlement, l’offre payante se développe. Entre Amazon, Fnac.com et des plateformes comme Numilog.com ou ePagine.fr, des millions d’ouvrages de tous les types sont proposés (en majorité des romans, mais également des guides pratiques, des bandes dessinées, etc.). Amazon propose aussi une offre vaste de journaux français et étrangers. Différentes enseignes, comme Carrefour, Darty ou Boulanger, ont également ouvert une « e-librairie », accessible depuis leur site Internet.
Pourquoi sont-ils à peine moins chers que leur version papier ?
L’écart de prix entre livres numériques et en papier s’est creusé. Lors de notre dernier test, nous avions constaté des tarifs inférieurs d’environ 15 % pour les versions électroniques. Cette fois, notre relevé montre que l’écart peut atteindre 60 % pour des livres de fond de catalogue. La moyenne est plutôt de l’ordre de 25-30 % pour les nouveautés de la rentrée littéraire. Pourtant, le prix passe mal dans l’esprit du consommateur. Mais sachez que si la dématérialisation supprime les coûts d’impression et de stockage physique, elle engendre des frais liés à la numérisation, au stockage et à la sécurisation des fichiers. Difficile, toutefois, de savoir dans quelles proportions. De plus, depuis novembre 2011, la loi sur le prix unique du livre s’applique à l’eBook. Mais la France est en désaccord avec la Commission européenne sur le taux de TVA. Le gouvernement applique aux versions numériques le taux réduit (5,5 %) dont profitent les ouvrages papier. Or, pour la législation européenne, il s’agit de « services fournis par voie électronique » taxés, eux, à 20 %. La France a été condamnée par la Cour de justice de l’Union européenne en mars 2015, mais d’après nos constatations, les libraires en ligne continuent à facturer une TVA à 5,5 %. À suivre.
Comment transfère-t-on les fichiers sur la liseuse ?
La plupart des liseuses intègrent une puce Wi-Fi pour se connecter à Internet. Il est donc possible d’acheter des livres directement depuis l’appareil. Amazon et la Fnac donnent un accès direct à leur propre librairie depuis leurs liseuses (respectivement Kindle et Kobo). Pour les autres, l’utilisateur peut accéder à n’importe quelle librairie en ligne en saisissant son adresse dans le navigateur Internet. L’autre méthode consiste à acheter des ouvrages chez les mêmes libraires en ligne depuis son ordinateur et à connecter ensuite sa liseuse en USB pour la synchroniser. Pour les livres payants, cette étape exige l’installation du logiciel Adobe Digital Editions, qui permet de gérer sa bibliothèque, mais surtout… les verrous liés aux fichiers. Amazon fonctionne différemment : les livres achetés sur son site sont stockés gratuitement en ligne, dans le cloud, et accessibles en permanence depuis sa Kindle.
Peut-on prêter ses eBooks ?
On ne prête pas aussi facilement un eBook qu’un bon vieux « poche ». Avec Amazon comme avec le système Adobe (ePub DRM), seules six copies d’un même ouvrage sont autorisées. Amazon permet à ses clients « Premium » (49 € par an) d’emprunter un livre par mois, sans date de retour.
Combien d’ouvrages peut-on stocker ?
Le poids d’un livre varie selon son contenu (présence d’images, notamment) et son format (pdf, ePub, etc.). Ainsi, un article de presse pèse environ 10 Ko, un roman de 300 pages de 20 à 30 Mo. Avec une mémoire interne de 1 à plus de 3 Go, les liseuses permettent donc de stocker des milliers de pages (entre 1 000 et 3 000 romans environ). La majorité des modèles peuvent accueillir une carte mémoire pour étendre la capacité de stockage.
Les capacités de stockage annoncées sont théoriques, la mémoire disponible est toujours inférieure de 20 % en moyenne.
La lecture numérique est-elle confortable ?
Oui. L’écran d’une liseuse n’est pas rétroéclairé, comme c’est le cas sur un téléviseur ou un smartphone. Cela évite de se fatiguer les yeux. Revers de la médaille : impossible de lire dans le noir, à moins que l’appareil n’intègre un éclairage, ce qui est de plus en plus fréquent. On peut grossir la taille du texte, changer la police de caractère, chercher un terme dans l’ouvrage ou bien dans un dictionnaire intégré. Autre point fort des liseuses, leur autonomie : elles tiennent des semaines entières ! Autres critères à prendre en compte : la réactivité de l’écran lorsqu’on tourne une page, la facilité d’en marquer une, ou encore la possibilité de prendre des notes.
Liseuse et tablette tactile : quelles différences ?
On peut lire des eBooks sur une tablette tactile. Apple (iOS) et Google (Android) proposent tous les deux une bibliothèque en ligne, l’offre y est comparable à celles des autres libraires. Néanmoins, l’écran d’une tablette fatigue les yeux, au point de décourager la lecture. À l’inverse, une liseuse intègre souvent des fonctions annexes comme l’affichage de photos, la lecture de MP3 ou la navigation sur Internet. Mais l’appareil n’est pas non plus adapté à ces usages : l’écran n’est pas lumineux, et il n’offre pas la réactivité nécessaire. Conclusion : une liseuse est conçue pour lire, une tablette tactile pour tous les usages multimédias.
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