Élisabeth Chesnais
PesticidesLes biocides domestiques les plus courants
Les pesticides, appelés biocides lorsqu'ils sont employés dans un cadre domestique, sont omniprésents dans nos logements. La faute aux multiples produits ménagers que nous utilisons au quotidien : insecticides, antiparasitaires pour chiens et chats, traitements antipoux, traitement des plantes d'intérieur, antimites... Revue de détails.
Les insecticides ménagers
Ils utilisent tous des pyréthrinoïdes. Cette grande famille compte à peu près toutes les substances dont le nom se termine en « thrine » : perméthrine, deltaméthrine, cyperméthrine, cyfluthrine, transfluthrine… Elles sont moins toxiques que les molécules insecticides retirées du marché, sans être pour autant dénuées de risques. La perméthrine, la deltaméthrine, la cyperméthrine et quelques autres sont également des perturbateurs endocriniens. Les diffuseurs électriques et les plaquettes longue durée sont tout particulièrement nocifs. Ces dispositifs envoient du pesticide en permanence dans le logement, vous le respirez en continu.
Avec leurs dessins colorés, les stickers imprégnés d’insecticide à coller sur les vitres attirent tout autant les insectes que les enfants. Donc gare au contact avec les doigts ! Privilégiez plutôt la tapette à mouches, sans risques et très efficace.
Les bombes aérosols, quant à elles, diffusent un nuage qu’on respire, mais pas seulement. Les molécules biocides étant peu volatiles, elles se déposent aussi sur les surfaces, meubles et revêtements de sol.
Les antiparasitaires du chien et du chat
Outre les pyréthrinoïdes, le dimpylate est très utilisé. C’est l’autre nom du diazinon, un insecticide interdit en agriculture. Le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) l’a classé cancérogène probable pour l’homme au printemps dernier. L’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a par ailleurs exigé le retrait de nombreux colliers antipuces au dimpylate en 2012, en raison de leur dangerosité pour les enfants qui sont au contact d’un chien ou d’un chat.
Le fipronil, qui a défrayé la chronique pour sa toxicité sur les abeilles, est autorisé comme antiparasitaire. La substance est classée toxique par contact, par inhalation et en cas d’expositions répétées ou prolongées. On trouve encore du propoxur dans des sprays. Classé cancérogène probable aux États-Unis, il présente des risques pour les enfants. En 2012, l’Anses a exigé le retrait de colliers antipuces en contenant. Les antiparasitaires utilisés en sprays ou en poudre polluent le logement. Et, dans tous les cas, les enfants sont très exposés. Dès qu’ils jouent avec le chien ou le chat, le câlinent ou s’endorment en sa compagnie, ils sont en contact avec la substance biocide.
Les antipoux pour la maison
Si les shampooings antipoux des enfants renoncent aux pyréthrinoïdes, les sprays pour la literie, les canapés, les textiles les utilisent. Les anti-acariens aussi.
Le traitement des plantes d’intérieur
On pulvérise la plante mais, là encore, le pesticide se diffuse dans l’air de la pièce et se dépose sur les revêtements.
L’acétamipride est un insecticide très employé. Avec l’imidaclopride, les deux substances ont fait l’objet d’un avis de l’Efsa (Agence européenne de sécurité des aliments) en raison de « leur potentiel à endommager le système nerveux humain ». Elles peuvent affecter le développement des neurones, les fonctions d’apprentissage et la mémoire. Pas sympathique du tout, même si les teneurs en cause ne sont pas celles des produits grand public.
Les antimites
Plaquettes pour vêtements, boules, aérosols, tout ce qui n’est pas vendu comme naturel est à base de pyréthrinoïdes.
Le traitement du bois
La perméthrine est un moindre mal, comparée aux molécules très toxiques utilisées par le passé. Mais il vaut mieux sortir les meubles traités et éviter d’occuper les pièces juste après le traitement d’un parquet.
Et les autres…
• Les antibactériens. Savons, lingettes, gels ou sprays désinfectants, tous les antibactériens sont des biocides. Inutile d’y recourir au quotidien, ils peuvent être irritants, allergènes ou perturbateurs endocriniens. Ils tuent les microbes courants mais favorisent les bactéries multirésistantes.
• Les conservateurs. La méthylisothiazolinone (MIT), étiquetée dans les cosmétiques et les détergents, est un redoutable allergène. Elle est aussi présente dans les peintures, les vernis, des revêtements, sans que personne ne le sache. Son évaluation comme biocide pourrait un jour déboucher sur une obligation d’étiquetage. En attendant, tout le monde est exposé.
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