ENQUÊTE
Débit Internet

On est loin du compte

Pour la deuxième année consécutive, l’UFC-Que Choisir publie les résultats de son observatoire exclusif des débits de l’Internet fixe. Bilan : on est loin, très loin, des ­promesses des opérateurs. Dans les zones rurales, les écarts sont même gigantesques.

Une promesse de 500 mégabits par seconde (Mb/s), 1 gigabit par seconde (Gb/s) et même 10 Gb/s, les fournisseurs d’accès à Internet affichent des débits toujours plus élevés ! Face à de tels arguments publicitaires, les abonnés ne sont pas dupes. Ils ont conscience que ces débits annoncés ne sont que des plafonds théoriques et que ceux dont ils disposent réellement peuvent être bien plus bas. Mais tout de même, l’écart entre les annonces et la réalité est si important qu’il en devient aberrant. C’est en tout cas ce que montrent les derniers résultats de notre observatoire de l’Internet fixe. Cet outil exclusif, mis en place l’année dernière par le service Études de l’UFC-Que Choisir, permet de dresser un état des lieux des débits Internet dont bénéficient vraiment les Français. Voici trois enseignements que nous pouvons en tirer.

1. Des débits réels à des années-lumière de ceux promis

Les débits moyens réels selon nos données :

  • 7,96 Mb/s en haut débit ;
  • 175 Mb/s en très haut débit.

« Jusqu’à 20 mégabits/s », voilà ce que proposent la plupart des opérateurs à leurs clients connectés en ADSL. En vérité, on est à peine à 8 Mb/s. Pour le très haut débit (fibre, câble et VDSL), l’écart est encore plus important. Alors que la plupart des opérateurs annoncent 500 Mb, voire 1 Gb par seconde, le débit moyen réel se situe plutôt autour de 175 Mb/s. Bien sûr, ces chiffres ne sont que des moyennes. Certains abonnés profitent d’un débit supérieur, alors que d’autres doivent se contenter d’encore moins. Surtout, ils dépendent de certains facteurs dont les opérateurs ne sont pas forcément responsables. Une connexion Wi-Fi, des équipements un peu anciens ou une mauvaise installation peuvent avoir un impact important sur le débit réel. N’empêche, l’écart avec le débit promis est gigantesque.

2. Un débit 2 à 5 fois plus faible en zone rurale

Les débits moyens réels selon nos données :

  • 9,1 Mb/s en ville en haut débit contre 5,2 Mb/s dans les villages ;
  • 284 Mb/s en ville en très haut débit contre 49 Mb/s dans les villages.

On sait depuis longtemps que les habitants des campagnes disposent de débits moins élevés que ceux des villes. Mais jusque-là, il était difficile de connaître l’ampleur du fossé qui les séparait. Les données issues de notre observatoire sont sans appel : plus la commune dans laquelle on habite est petite, plus le débit moyen est faible. En ADSL, la différence va du simple au double : de 9,1 Mb/s en moyenne dans les villes de plus de 30 000 habitants à 5,2 Mb/s dans les villages de moins de 1 000 âmes. Cet écart s’explique notamment par des répartiteurs moins bien équipés par les opérateurs et des lignes de cuivre souvent plus longues, qui ont tendance à engendrer plus de pertes de débit. L’écart est encore plus flagrant pour les connexions très haut débit. Alors que, dans les grandes villes, on surfe en moyenne à 284 Mb/s, dans les communes de moins de 3 000 administrés il faut se contenter d’un débit moyen inférieur à 100 Mb/s. Et il dégringole à 49 Mb/s dans les bourgades de moins de 1 000 habitants.

3. La fibre optique, il n’y a rien de mieux

Si les écarts entre les villes et les campagnes en matière de très haut débit sont si importants, c’est en grande partie à cause des technologies utilisées. Alors que les habitants des grandes villes sont principalement connectés en FTTH (fibre jusqu’à l’abonné), ceux des petites communes et des villages doivent trop souvent se contenter de solutions moins performantes. C’est le cas en particulier du VDSL. Cet ADSL amélioré, qui passe par la ligne téléphonique, offre en théorie un débit de 100 Mb/s. Mais il subit une très forte déperdition du signal. Conséquence : seuls les clients qui résident à moins d’un kilomètre d’un nœud de raccordement (central téléphonique) équipé en VDSL peuvent espérer bénéficier d’un débit supérieur à celui de l’ADSL. Dans les villes moyennes, un nombre non négligeable d’abonnés est aussi connecté en FTTB (Fiber to the building, ou câble). Si elle suffit largement à la majorité des internautes, cette technologie, principalement mise en œuvre par SFR, souffre de quelques défauts par rapport à la fibre FTTH. Notamment un débit montant plus faible (pas très pratique pour qui met régulièrement en ligne des vidéos, par exemple) et un temps de latence plus long, qui peut pénaliser les joueurs en ligne les plus exigeants.

Notre observatoire évolue

Nous avons besoin de vous

L’UFC-Que Choisir rend son observatoire des débits de l’Internet encore plus efficace pour pousser les opérateurs à améliorer leurs débits. Pour cela, nous avons besoin de vous.

Qu’est-ce qui change ?

Jusque-là, notre observatoire était alimenté par un panel de quelque 1 700 internautes qui avaient installé un logiciel sur leur ordinateur. Dorénavant, il sera ouvert à tous.

Qui peut participer ?

Tout le monde ! Quel que soit le lieu de résidence, la composition du foyer, la technologie (ADSL, fibre, etc.) ou le système d’exploitation (Mac ou PC). Il suffit de disposer d’une connexion à Internet et de surfer avec l’un de ces trois navigateurs : Chrome, Firefox ou Edge.

Comment faire ?

Téléchargez un plug-in (ou petit programme) qui s’intégrera à votre navigateur. Pour cela, suivez la procédure indiquée ici. C’est très simple, trois clics suffisent.

Quelles données récolterons-nous ?

Une fois installée, cette extension enregistrera automatiquement les temps de chargement de chaque page sur 15 sites très fréquentés dont nous fournissons la liste (Google, Facebook, Amazon, etc.). Ces données nous seront transmises régulièrement de manière anonyme. Nous recueillerons également votre code postal, le nom de votre opérateur et la technologie employée. À aucun moment nous n’aurons connaissance de votre adresse IP, des pages et des autres sites sur lesquels vous vous rendez.

À quoi serviront ces données ?

Elles nous permettront de faire un état des lieux encore plus précis qu’aujourd’hui de l’Internet fixe en France. Nous pourrons même procéder à des comparaisons plus fines entre opérateurs, entre technologies, entre lieux de résidence… Plus vous serez nombreux à participer, plus nos données seront fiables et plus nous aurons de poids face aux pouvoirs publics et aux opérateurs. Nous envisageons par ailleurs, dans quelque temps, d’offrir la possibilité à chaque utilisateur d’accéder à ses propres mesures, pour lui donner une idée de la qualité de sa connexion.

Un speedtest en prime

Nous mettons également à votre disposition un speedtest. En un clic, vous connaissez vos débits montant (mobilisé en cas d’envoi de documents) et descendant (pour télécharger des pages Internet ou des fichiers).

Antoine Autier

Antoine Autier

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