GrouponGare aux faux « bons plans »
La justice vient de rappeler une bonne fois pour toutes que Groupon ne pouvait pas se cacher derrière un quelconque statut d’intermédiaire pour se dédouaner de ses responsabilités. Le célèbre site d’achats groupés vient en effet d’être condamné pour avoir affiché des tarifs qui ne correspondaient pas à la réalité.
Avec des réductions d’au moins 50 % sur des centaines de services, la promesse de Groupon est belle. La réalité l’est nettement moins. La filiale française de la société américaine spécialisée dans l’achat groupé vient en effet d’être condamnée mercredi 4 mars par le tribunal correctionnel de Paris. En cause : des réductions affichées qui ne correspondaient pas à la réalité.
L’affaire a débuté en 2011. Interpellés par des plaintes de consommateurs, les enquêteurs de la Direction départementale de la protection des populations (DDPP) de Paris s’étaient rendus dans les locaux de plusieurs salons de coiffure et autres centres de soins qui avaient proposé leurs services par l’intermédiaire du site Groupon. Dans 7 d’entre eux, ils avaient découvert que les prix et les réductions affichés aux consommateurs étaient mensongers.
Un centre de soin, par exemple, avait proposé aux clients de Groupon de choisir entre un modelage aux pierres chaudes et un massage thaï pour 39 € au lieu de 100 €, soit avec une réduction de 61 %. Sauf que la réduction était calculée sur le prix de la prestation la plus chère, à savoir le massage aux pierres chaudes alors que le massage thaï coûtait à l’origine 85 €. La réduction était donc moins importante qu’affichée. Un coiffeur vendait sur Groupon des extensions de cheveux, soi-disant à prix réduit, alors que cette prestation n’était pas proposée par ailleurs. Quant à un autre, il s’appuyait sur le prix pratiqué pour les cheveux longs pour afficher 70 % de remise sur son lissage brésilien. Pour les cheveux courts, la remise était en réalité de 47 % et non de 77 %. Autant de pratiques commerciales trompeuses que nous avions relevées à l’époque.
Comportements agressifs
Pour ces agissements, Groupon a été condamné à verser 10 000 € d’amende et 1 500 € de dommages et intérêts à l’UFC-Que Choisir qui s’était constituée partie civile après avoir recueilli de nombreux témoignages de consommateurs mécontents. Frank Zorn, le PDG de Groupon France de l’époque, a quant à lui été relaxé. Mais au-delà de cette condamnation, le tribunal a surtout reconnu que Groupon ne pouvait pas se retrancher derrière sa qualité d’intermédiaire pour s’exonérer de toute responsabilité et qu’il était tenu de vérifier la réalité des offres qu’il affiche sur son site. Au cours de son enquête, qui a duré 7 mois de mars à septembre 2011, la DDPP Paris a d’ailleurs mis à jour l’attitude de certains commerciaux de Groupon qui, payés au nombre de contrats passés, avaient tendance à passer outre certaines vérifications essentielles, à se montrer agressifs voire à fixer les prix contre l’avis des prestataires. D’après l’AFP, qui a pu consulter le jugement, Groupon aurait depuis renforcé son service qualité.