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Pêche responsableLes Mousquetaires retoqués

Le Jury de déontologie publicitaire (JDP) épingle une publicité du groupement des Mousquetaires (Intermarché) qui se targuait de « jouer un rôle déterminant dans le maintien durable de la pêche en France ».

« La publicité relative à l’activité de pêche du groupement Les Mousquetaires ne respecte pas la recommandation de l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP) sur le développement durable ». Telle est la décision rendue par le Jury de déontologie publicitaire (JDP) qui a demandé à l’ARPP de prendre des mesures pour que cette campagne publicitaire ne soit pas reconduite. Cette décision fait suite à la plainte pour publicité mensongère déposée en mars dernier par l’association Bloom, une ONG qui se donne pour mission de sensibiliser le public à la protection des milieux marins. Dans un encart publié fin 2011 (1) dans plusieurs magazines (L’Express, Le Point, Marianne, Le Figaro Magazine et Courrier International), les Mousquetaires prétendaient « jouer un rôle déterminant dans le maintien durable de la pêche en France » et donnaient l’assurance aux consommateurs « de trouver chaque jour dans leurs rayons un poisson d’une qualité irréprochable, à savourer sans l’ombre d’un doute… et pour longtemps encore ».

Pour le JDP, c’était sans doute pousser le bouchon un peu trop loin, même si les attendus de sa décision reconnaissent qu’Intermarché « ne se prévaut pas de manière injustifiée ou abusive des termes "pêche durable" ou "pêche responsable" ». Il est vrai que le premier armement français (17 navires), la Scapêche (Société centrale des armements Mousquetaires), s’est engagé depuis 2006 dans une démarche de pêche responsable. Notamment avec l’adoption d’un cahier des charges privé, validé et contrôlé par le bureau Véritas, qui s’articule autour de quatre grands axes : préservation de la ressource halieutique et de la faune marine, respect du bien-être et de la sécurité des équipages et satisfaction du consommateur (traçabilité, garantie d’origine, fraîcheur du poisson).  Un engagement reconnu par le JDP qui souligne que « l’impartialité et l’objectivité, tant du bureau Véritas que de la méthode de certification à laquelle il se réfère, ne peuvent être mises en doute »

Le chalutage incompatible avec une pêche durable ?

Seul problème : certains navires de la flotte d’Intermarché pratiquent le chalutage en eaux profondes, « une forme de pêche qui met en péril les écosystèmes marins comme les organismes profonds, qu’il s’agisse des espèces ciblées ou des prises accidentelles » assure l’ONG. Très décriée (à juste titre) à ses débuts dans les années 90 par les associations écologistes, la capture d’espèces des grandes profondeurs (lingue bleue, sabre noir) fait aujourd’hui l’objet d’une règlementation draconienne : limitations de l’effort de pêche, contingentement du nombre de navires autorisés, zones de protection des écosystèmes marins, embarquement d’observateurs scientifiques, etc. Des mesures qui ne sont plus contestées par la profession. Question de survie. « En une dizaine d’années, j’ai vu les mentalités de pêcheurs changer du tout au tout. On est passé du déni complet de l’épuisement des ressources à des demandes de pêches de plus en plus sélectives », affirme Tristan Douard, le directeur général de la Scapêche. « Notre action se base sur le code de conduite établi par la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) pour une pêche responsable. Pour la lingue bleue, par exemple, nous avons d’ores et déjà atteint le Rendement maximal durable (RMD) fixé par l’Europe pour 2015-2020 »

C’est donc moins sur le fond que sur la forme que les Mousquetaires se sont fait épingler. Par exemple, le Jury a estimé que l’auto-label « Pêche responsable » du distributeur présentait une forte ressemblance avec celui du Marine Stewardship Council (MSC), un label indépendant mondialement  reconnu caractérisant le caractère respectueux de l’environnement de la pêche, et entraînait donc un risque de confusion pour le consommateur (visuel ci-dessous). « Les deux logos sont pourtant très différents », se défend Tristan Douard. « De plus, les critères de certification ne sont pas les mêmes. Le label du MSC ne prend en compte que la préservation des ressources halieutiques, alors que celui des Mousquetaires s’engage aussi sur l’aspect social et la qualité du poisson ». D’ailleurs le MSC, qui dispose d’importants moyens financiers et juridiques, n’a jamais considéré que ce logo puisse prêter à confusion.

A gauche le logo d’Intermarché, à droite celui du Marine Stewardship Council.

(1) Publicité disponible sur le site du Jury de déontologie publicitaire : http://www.jdp-pub.org/IMG/pdf/lesmousquetaires.pdf

Florence Humbert

Florence Humbert

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