Alain Bazot
Président de l'UFC-Que Choisir
De l’art de la communication… A entendre les médias mardi, l’on pouvait croire qu’une révolution s’était opérée en matière de tarifs bancaires… Mais entre les engagements passés des banques, et le décalage entre les annonces présidentielles et les engagements écrits de la Fédération bancaire française (FBF), la révolution tant annoncée se résume plutôt en évolutions.
L’Elysée l’a annoncé : les banques s’engagent à plafonner les frais d’incidents bancaires à 25 euros par mois (300 euros par an) pour les populations les plus fragiles, soit 3,6 millions selon les estimations de la Banque de France ! Une révolution ? Non ! Une évolution puisque, rappelez-vous, les banques s’étaient engagées en septembre dernier à plafonner à 200 euros annuels ces frais pour les consommateurs équipés de l’offre spécifique. Un élargissement des bénéficiaires - mais avec un plafond supérieur - a priori bienvenu, si tant est que les banques suivent… Car oui, ne nous y trompons pas, cela relève une nouvelle fois de l’autorégulation, des engagements des établissements bancaires… Et l’on ne peut pas dire que ces derniers se soient autant avancés que l’Elysée sur les modalités de ce plafonnement. En effet, le communiqué de la FBF n’évoque aucun chiffre, renvoyant même à chaque banque la liberté de fixer le montant du plafond en fonction de ses propres coûts… Encore une preuve - si besoin est - que l’autorégulation montre trop facilement, trop souvent et trop rapidement ses limites ?
A également été annoncée la non augmentation des tarifs bancaires pour les particuliers en 2019. Pour l’UFC-Que Choisir, cette réponse ponctuelle ne permettra pas d’améliorer de manière durable la situation des consommateurs. En effet, à ce jour, les tarifs des frais bancaires sont trop élevés pour l’ensemble des consommateurs. La raison ? La non-harmonisation des libellés des frais d’incidents d’une banque à l’autre ne permet pas de comparer les tarifs, ce qui aboutit à ce que la mobilité bancaire ne fonctionne pas (seuls 2,3% des consommateurs concernés font jouer la concurrence, soit 3 fois moins que la moyenne européenne). Quelle est la conséquence ? La marge moyenne réalisée par les banques sur les incidents bancaires est estimée à plus de 80% !
Depuis des mois, l’UFC-Que Choisir alerte sur l’échec de la mobilité bancaire, la cherté des frais d’incidents, le manque de concurrence ou encore sur l’opacité des offres, et ce, sans réponse à hauteur de ces enjeux ! Si les annonces de lundi dernier constituent un début de réponse, il est nécessaire que celui-ci s’affine et qu’un cadre réglementaire contraignant vienne mettre en place des solutions pérennes pour les consommateurs, sans quoi, le carton jaune auquel s’exposent les banques pourrait vite devenir rouge, couleur bien connue des consommateurs dont les frais d’incidents rendent difficiles… les fins de mois !
Alain Bazot
Président de l'UFC-Que Choisir
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