Alain Bazot
Président de l'UFC-Que Choisir
Avec l’entrée en vigueur de la possibilité donnée aux consommateurs de changer d’assurance emprunteur pendant toute la durée de leur emprunt, et non plus seulement la première année, ainsi que la mise en place de campagnes publicitaires commençant à s’en faire l’écho, c’est peu dire que j’attendais avec impatience la publication du bilan du Comité consultatif du secteur financier (CCSF) relatif à « l’équivalence du niveau de garantie ».
Sous ce jargon technique, se cache en effet un point crucial pour l’effectivité de la possible résiliation : la banque n’est tenue d’accepter l’assurance emprunteur alternative proposée par son client que si les garanties sont équivalentes au contrat groupe de la banque.
Or, après les critiques émises par l’UFC-Que Choisir autour des freins au droit de substitution, le bilan du CCSF met en lumière les grandes difficultés rencontrées par les consommateurs. En effet, les banques et leurs filiales, soucieuses de conserver leurs marges plantureuses sur l’assurance emprunteur (estimées à 50 % de leurs chiffres d’affaires par l’Inspection générale des finances) multiplient les chausse-trappes : délai de 10 jours pour l’examen des garanties pas toujours respecté, défauts dans les échanges d’informations sur les dossiers entre banques et assureurs externes, etc. Pire, les consommateurs nous font également part de prétextes de refus de substitution pour le moins surprenants tels que la contestation du mandat donné au nouvel assureur ou l’obligation d’une renonciation préalable au contrat d’assurance groupe.
Malgré tout, la lecture de ce rapport m’apporte une satisfaction : le CCSF constate bien une baisse significative des tarifs, assortie d’une amélioration des garanties proposées, ce qui valide la justesse de ce combat de longue date de l’UFC – Que Choisir. Et justifie d’aller plus loin : la comparaison entre les offres des réseaux bancaires et celle des assureurs alternatifs montre que si les tarifs des seconds sont moins chers sur tous les segments d’âges (en particulier pour les jeunes), les garanties proposées sont également plus protectrices. A la clef, avec une prime d’assurance emprunteur qui représente en moyenne 30 % du coût total de l’emprunt, un ménage moyen peut économiser plus de 40 % du coût de son assurance, soit plus de 9 000 euros sur l’ensemble de la durée de son prêt.
Satisfecit donc sur l’efficacité de la concurrence, même entravée, coup de règle sur les doigts des banques, le rapport du CCSF est décidément instructif, et confirme l’impératif d’une prise de conscience par les consommateurs des économies réalisables… Assurés emprunteurs, faites jouer la concurrence !
Alain Bazot
Président de l'UFC-Que Choisir
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