Yves Martin
Voiture électrique Tesla SPremières impressions
La Tesla S veut concurrencer les modèles sportifs haut de gamme en utilisant un moteur électrique. Le pari est largement réussi côté performances et agrément de conduite mais il lui manque une qualité de finition à l’européenne.
À l’usage, il est principalement reproché aux voitures électriques leur autonomie et leur temps de charge. Avec le modèle S, Tesla prétend tordre le cou à ces lieux communs et propose un temps de charge de 20 minutes pour 200 km pour une voiture capable de parcourir de 345 à 460 km en charge pleine (compter au minimum 1 heure de charge), selon la version. Du jamais vu. Du moins sur le papier. Car, dans la réalité, c’est un peu comme pour la consommation des véhicules à moteur thermique, le constructeur est un peu optimiste. Notre prise en main le démontre. Néanmoins, la Tesla S est le premier modèle capable d’affronter ses concurrentes haut de gamme sur leur terrain de jeu favori : l’autoroute.
Qualité de vie à bord
En montant dans le véhicule, l’effet est immédiat et surprenant de sobriété. L’absence totale de boutons de commandes saute aux yeux. Et pour cause, la console centrale traditionnelle est remplacée par un écran tactile géant de 17 pouces ! Placé verticalement, il s’impose comme le centre névralgique de la voiture et c’est à partir de celui-ci que le conducteur peut tout gérer : climatisation, téléphone, navigation, Internet… et même certains réglages de la voiture (hauteur de caisse, désactivation des aides électroniques…). L’écran peut se diviser en deux et afficher les contacts téléphoniques, une page Internet ou la navigation GPS. Cette dernière, via Google Maps, est facile d’utilisation et assez intuitive à programmer. Reste que, comme elle nécessite une carte Sim 3G (comprise avec l’option de navigation), il faut qu’il y ait du réseau pour qu’elle fonctionne !
Avec la Tesla S, il faudra donc perdre les bonnes vieilles habitudes et ne plus chercher sur la planche de bord où se trouve telle ou telle commande. Ce qui demande un peu d’habitude, comme lorsqu’on reçoit pour la première fois un tout nouveau smartphone. Allergiques à la technologie, s’abstenir ! Il faudra un temps d’adaptation et, lors de notre trajet sous une pluie battante, nous avons cherché un moment les commandes d’allumage des antibrouillards.
L’habitacle de notre modèle d’essai, tout noir à l’exception des garnitures du toit et des montants en Alcantara blanc (option à 1 450 €), s’est avéré un peu tristounet. Opter pour les sièges en cuir beige, qui viennent avec certaines garnitures beiges, rendrait l’habitacle plus agréable selon nous. Au final, l’ensemble est assez bien ajusté mais se situe à peine dans la moyenne pour la catégorie. On regrette aussi le manque de rangements avec à disposition une seule petite boîte à gants, un espace sous l’écran et deux porte-gobelets. Pour le reste, il faudra encombrer l’espace entre les deux passagers avant.
Nous avons apprécié l’habitabilité de la voiture qui offre 5 vraies places. Que ce soit à l’avant ou à l’arrière, les passagers voyageront ainsi dans d’excellentes conditions de confort. À noter que pour 2 500 € de plus, Tesla propose en option deux sièges supplémentaires installés dos à la route dans le coffre arrière (un montage réalisé en usine qui va de pair avec le montage de renforts à l’arrière). Leur taille et leur environnement ne permet toutefois que d’accueillir des enfants en bas âge, jusqu’à 10 ou 12 ans maximum.
Au volant
Outre le silence et l’absence totale de vibration, le moteur électrique possède également l’avantage de disposer d’une excellente réactivité et a la capacité de délivrer instantanément sa puissance. Et, lorsqu’on dispose de 421 ch et de 600 Nm de couple, on imagine la performance de la voiture. De ce côté, la Tesla S ne déçoit pas du tout. La voiture offre un grand plaisir de conduite, sans frustration aucune. L’accélération est impressionnante et la voiture ne demande que 4,4 s pour atteindre les 100 km/h, une valeur que ne proposent que les modèles les plus sportifs (à noter qu’une version à quatre roues motrices, avec un moteur implanté à l’avant sera bientôt au catalogue). Ainsi, malgré son gabarit imposant, presque 5 mètres de long, et son poids approchant les 2 tonnes, la voiture est très agile. Nous avons apprécié le fonctionnement du système de récupération d’énergie au freinage qui permet de ralentir la voiture efficacement, parfois même sans avoir à utiliser les freins mécaniques, et de façon progressive.
Côté autonomie, notre modèle est donné pour 460 km à 105 km/h. Nous avons réalisé un trajet mixte d’un peu plus de 222 km avec, au départ, de la ville, puis de l’autoroute et quelques kilomètres de routes nationales. Au départ l’ordinateur de bord indiquait une autonomie de 382 km. À l’arrivée au point de recharge (un « supercharger » de la marque), il nous restait 56 km avant la panne « sèche ». Donc, potentiellement, un total de 278,30 km d’autonomie. Précisons que ce parcours a été réalisé sous la pluie dans des conditions assez sévères (projecteurs allumés, essuie-glace en marche, chauffage en service…) et à une vitesse soutenue. Le retour effectué dans les mêmes conditions, cette fois avec le régulateur de vitesse enclenché et 2h45 d’embouteillage à l’arrivée, nous offrira un total de 283 km d’autonomie.
Entre les deux trajets, nous avons donc réalisé une charge sur une installation proposée par Tesla pendant 1h09 et qui aura permis de récupérer 291 km d’autonomie. Et cela gratuitement puisque le branchement dans les stations de la marque est offert et compris à vie dans le prix d’achat. La Tesla, même si ce n’est pas encore la panacée, est donc la première voiture électrique qui permet vraiment de rouler quasiment normalement sans avoir à s’angoisser à propos de l’autonomie. Certes, il faudra organiser son voyage si l’on veut faire Paris-Marseille dans la journée et prévoir les arrêts aux stations de recharge. Car la voiture, très agréable et confortable, permet en effet de voyager longtemps sans aucun souci. L’architecture particulière, avec l’implantation des 600 kg de batteries sous tout le plancher, permet d’abaisser le centre de gravité pour une tenue de route sans faille et un comportement routier très serein. Même sur route mouillée. Dans ces conditions, il n’est d’ailleurs pas conseillé de désactiver les aides à la conduite (l’antipatinage, qui limite l’alimentation du moteur électrique et le contrôle de trajectoire) car la puissance devient difficile à maîtriser sans notion de pilotage.
La direction est précise et offre un bon ressenti de la route. Cette dernière possède d’ailleurs trois modes de fonctionnement, standard, confort ou sport. Le premier est à privilégier car il est le plus homogène. Le mode confort est trop souple alors que le mode sport rend la direction plus lourde. Pour les manœuvres en ville, vu le gabarit de la voiture, le mode confort permettra de mieux réaliser les manœuvres. À noter que la visibilité de trois quarts arrière n’est pas très bonne. En cause bien sûr la forme plongeante de la carrosserie mais aussi les appuie-tête arrière proéminents que l’on ne peut replier.
Sécurité
Avec un châssis conçu en aluminium et bardé de renforts, protection des batteries et normes américaines obligent, la sécurité est d’un très haut niveau. Pour preuve, les résultats des crashs tests Euro NCAP et les 5 étoiles sur 5 obtenues en 2014, avec le nouveau protocole pourtant plus sévère. Prochainement, le constructeur devrait même proposer une option de conduite assistée, comme sur l’Infiniti Q50 que nous avons essayée, capable de maintenir la voiture seule dans sa trajectoire. Le début de la conduite autonome.
La Tesla S en résumé
Enfin une voiture électrique qui permet de sortir de la ville en toute sérénité. Certes, pour traverser la France, il faudra s’organiser et être patient en prévoyant plusieurs arrêts d’au moins 30 minutes. Elle est toutefois la seule à pouvoir rouler propre avec autant de nervosité, de confort et de silence. Mais tout se paie. Notre modèle d’essai, une Tesla S P85 avec toutes les options, s’affiche à 112 690 €. Si cela n’est pas donné à tout le monde, loin s’en faut, le tarif reste toutefois proche des concurrentes : une Porsche Panamera S e-Hybrid est à 112 685 € et une Audi S7 à 102 900 €. La Tesla est toutefois un cran en-dessous en termes de finitions globales, mais elle est plus agréable à conduire, notamment en zone urbaine.
Les +
Performances
Agrément de conduite
Tenue de route
Ergonomie
Les -
Finitions
Manque de rangements