GUIDE D'ACHAT

Acheter une voiture d’occasion (vidéo)Comment éviter la mauvaise surprise

En France, il s’est vendu plus de 5,63 millions de voitures d’occasion en 2018, dont 60 % entre particuliers. Qu’elles soient proposées par ces derniers ou par des professionnels, l’acheteur doit faire preuve de jugement et de prudence pour éviter toute mauvaise surprise.

Acheter une voiture d’occasion permet souvent de réaliser de substantielles économies, mais augmente aussi les risques de faire une mauvaise affaire. Même s’il n’est pas absolument indispensable d’être le roi de la mécanique pour profiter des avantages du marché de la seconde main, prendre certaines précautions peut vous éviter des déconvenues.

Déterminez votre budget maximum

Comme pour l’achat d’un véhicule neuf, il faut toujours commencer sa recherche en se fixant un budget maximum. En effet, les annonces étant très nombreuses, il est facile de se laisser tenter par un modèle mieux équipé, donc plus cher. En vous fixant une limite à ne pas dépasser, vous ciblerez plus facilement votre recherche.

Payez le juste prix

Dès que vous avez choisi votre modèle et déterminé votre budget, épluchez les annonces et comparez leurs prix par rapport à la cote. Vérifiez si le descriptif correspond bien aux conditions de cotation : kilométrage, finition… En règle générale, on retient une moyenne de 15 000 km/an pour un modèle essence et 25 000 km/an pour un diesel, mais cela dépend aussi de la catégorie du véhicule. Si le kilométrage s’éloigne de ces valeurs, il faudra ajuster le tarif.

Avant de se déplacer, il est important de demander un maximum de précisions sur l’équipement de la voiture et sur sa finition exacte. Attention en effet à ne pas se faire vendre la climatisation comme une option alors qu’elle est en série sur le modèle convoité. Des équipements optionnels tels que l’ABS, les sièges en cuir ou un toit ouvrant font monter la cote d’une voiture, mais cette augmentation est dégressive et vous devez baisser le prix de ces options de 20 à 50 % par an, selon leur importance pour le modèle (boîte automatique pour une routière, système de navigation, etc.).

Dans tous les cas, une voiture âgée de plus de 5 ans ne peut voir son prix sensiblement augmenté par la présence d’une option quelconque. Enfin, il faut s’en tenir au montant affiché dans l’annonce et refuser une éventuelle hausse de tarif quelle qu’en soit la raison : certains vendeurs sont de mèche avec un concurrent potentiel qui fait monter les enchères pour vous forcer la main !

La perle rare n’existe pas

La dernière citadine chic ou le SUV à la mode proposé à un prix défiant toute concurrence ou avec un kilométrage anormalement bas, c’est tout bonnement impossible. Afin de vous faire une idée assez précise du prix normal pour le modèle que vous convoitez, comparez plusieurs annonces. Mais sachez que la marge de manœuvre est souvent assez réduite et qu’il n’est possible de gagner que quelques centaines d’euros au maximum entre deux propositions similaires.

Vérifiez l’historique du véhicule

Pour faciliter l’achat d’une occasion, les services publics ont lancé la plate-forme gratuite Histovec. Elle permet d’obtenir gratuitement l’historique du véhicule : changements de propriétaire, situation administrative (gage, opposition ou vol) et sinistres à réparation contrôlée (véhicule gravement endommagé). N’hésitez pas à le demander au vendeur, ou à lui réclamer une copie du certificat d’immatriculation pour faire la recherche vous-même. Attention : d’autres sites, comme Autoviza, proposent ce service, mais ils sont payants.

→ Lire aussi : Voitures d'occasion • Des fraudes au kilomètre

Essayez la voiture

L’essai routier est indispensable et incontournable ! Il ne faut jamais acheter sans avoir roulé avec la voiture. Si le vendeur refuse de vous passer le volant, cherchez une autre occasion. Lorsque vous achetez à un professionnel, qui propose une garantie, l’essai est moins justifié. À moins d’avoir un gros doute sur le véhicule, vous pouvez donc vous en dispenser. Une fois aux commandes, à 40 km/h, lâchez le volant – très prudemment et lorsque les conditions de circulation s’y prêtent – pour voir si la voiture tire d’un côté ou de l’autre, ce qui traduirait des problèmes de train avant ou de pneus. Le même test réalisé en freinant (en s’assurant que personne ne se trouve derrière) donne une indication sur l’équilibre et l’état du circuit de freinage, ainsi que celui des trains roulants. Simulez un créneau afin de repérer d’éventuels défauts de transmission ou des jeux importants dans le train (claquements).

Prenez votre temps

Pour examiner un véhicule avec attention, il faut compter une demi-heure. Faites un tour attentif de la voiture en regardant la carrosserie de près : placez-vous à contre-jour, au ras de la peinture, afin de repérer d’éventuelles traces de ponçage (micro-rayures en cercle) synonymes de réparation, ou des différences de teinte. L’intérieur du capot moteur donne aussi son lot d’indications : en fonction du kilométrage, il pourrait être vraiment suspect qu’il soit étincelant de propreté. Il faut ensuite traquer d’éventuelles étiquettes collées par un garagiste, susceptibles de contenir la date et le kilométrage de la dernière révision (sous le capot, sur le montant de la porte du conducteur…). Comparez le chiffre indiqué avec celui du compteur ainsi qu’avec ceux marqués dans le carnet d’entretien et sur les éventuelles factures. La sellerie, les caoutchoucs de pédales, la moquette et les tapis de sol sont de bons indicateurs pour déceler un âge avancé. Vérifiez aussi l’usure des pneus et des jantes pour repérer les éventuelles traces de chocs susceptibles d’avoir provoqué une déformation des trains roulants.

Achetez en plein jour

Il ne faut pas acheter une voiture dans un sous-sol ou à la tombée de la nuit, sous l’éclairage de réverbères, ou encore sous une pluie battante. Les défauts seront nettement moins visibles dans ces mauvaises conditions de luminosité. En plus, vous ne remarquerez pas si la voiture a été repeinte, car les éventuelles différences de teinte ne seront pas apparentes. Une carrosserie paraît toujours plus belle dans la pénombre ou lorsqu’elle est mouillée.

Étudiez le contrôle technique

Même si la voiture est passée au contrôle technique, celui-ci peut mentionner des défauts non soumis à contre-visite mais qui augureront de dépenses futures. Un moyen de négocier le prix si des réparations sont à prévoir. Mais attention, si le contrôle technique donne un état précis du niveau de sécurité de la voiture (freins, amortisseurs, pneus…), il ne permet pas de se faire une idée de son niveau d’usure (moteur, embrayage).

Attention aux reventes rapides

Demandez au vendeur de vous fournir l’historique de la voiture (ou de fournir une copie du certificat d’immatriculation afin que vous fassiez la recherche). Si la voiture est revendue après seulement quelques mois, cela peut signifier que vous avez affaire à un semi-pro de l’occasion. Il est en effet très rare de revendre une auto dans un délai aussi court. Sans une explication claire et directe de sa part, passez votre chemin.

Ne donnez pas d’acompte et payez simplement

Il ne faut pas donner d’acompte à un particulier, même pour réserver la voiture ou payer d’hypothétiques frais de transport. C’est encore plus vrai si le vendeur insiste, arguant que d’autres acheteurs sont sur le coup et que la voiture risque de vous passer sous le nez.

Au moment de régler, n’envoyez surtout pas vos coordonnées bancaires, pour quelque raison que ce soit. De même, évitez de payer via Internet (Western Union, Money Gram…) car ces services ne doivent être utilisés qu’entre connaissances. Et cela peut signifier que le vendeur ne réside pas en France. Il sera alors impossible à retrouver par la suite.

L’achat à un professionnel

Les modèles vendus par des professionnels (concessionnaires, agents, garagistes indépendants ou spécialistes de l’occasion) sont souvent plus chers. Mais en tant que professionnels, ils engagent leur responsabilité sur la bonne marche du véhicule, ce qui est plutôt rassurant. L’autre bonne nouvelle, c’est que leurs véhicules ont généralement bénéficié d’une révision complète et sont accompagnés d’une garantie légale de conformité de 2 ans (article L. 217-4 du code de la consommation). Attention, il convient de conserver tous les documents (annonces, factures…) car, passé un délai de 6 mois, l’acheteur doit prouver que le défaut existait au moment de l’achat. Certains pros proposent en plus une garantie commerciale, dite « contractuelle », variant de 3 à 24 mois. Pour couvrir cette garantie, beaucoup font appel à une compagnie d’assurances, et c’est un gage de sérieux. Il convient alors de se faire préciser ce point tout en détaillant les exclusions.

Attention toutefois : la garantie ne couvre parfois que le moteur et la boîte de vitesses, et pour un kilométrage limité. Le concessionnaire peut disposer d’un avantage par rapport aux autres revendeurs, car les occasions à sa disposition sont souvent des reprises qui lui ont permis la vente d’une voiture neuve. S’il s’agit d’un véhicule de sa marque, il y a fort à parier qu’il en a assuré l’entretien et qu’il possède l’historique des réparations. C’est une question à poser. L’achat à un professionnel peut donc se faire avec une certaine confiance, en ayant pris soin de procéder à quelques vérifications d’usage : essai du véhicule, présence du carnet d’entretien, état des pneus…

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L’achat à un particulier

Avec un minimum de psychologie, il est possible de confondre un vendeur peu recommandable. Au moment de prendre contact avec lui, il est judicieux de noter ses réponses. Ainsi, lors de l’étape suivante, il sera possible de vérifier sa franchise en lui reposant les mêmes questions et en comparant les réponses. N’hésitez pas à être un tantinet inquisiteur en posant un maximum de questions, même les plus anodines : pourquoi vendez-vous votre voiture ? Quand l’avez-vous achetée ? Quels types de trajet avez-vous effectués ? S’agit-il d’une première main ? etc. Si le vendeur s’agace ou vous répond vaguement, passez votre chemin.

Demandez-lui également si la voiture a été accidentée. S’il vous répond franchement, sans essayer de le cacher, c’est plutôt positif et cela prouve qu’il est honnête. Une voiture accidentée n’est pas forcément une mauvaise affaire, à condition que les travaux aient été effectués correctement. À la moindre contradiction de sa part, ne vous attardez pas.

Il faut également s’assurer que la voiture correspond bien à celle de l’annonce. Certaines personnes se servent en effet d’une annonce bidon pour attirer les clients et leur proposer d’autres modèles. Au moment de l’essai routier, laissez le vendeur conduire le premier afin de jauger son comportement au volant. Cela vous permettra également de savoir si la voiture a été malmenée : des démarrages sur les chapeaux de roues et des coups de frein brusques auront certainement fragilisé la mécanique.

Enfin, si le rendez-vous a lieu chez le vendeur, son environnement donnera une idée de sa personnalité. La présence d’un atelier rempli d’outils et d’équipements pro doit amener des questions. Ou mieux, vous inciter à laisser tomber l’affaire.

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L’achat à un collaborateur

C’est un très bon filon pour trouver une occasion récente à un prix intéressant et sans prendre de risque. Ces vendeurs peu communs travaillent chez un constructeur et achètent leur véhicule à un tarif préférentiel, puis ils ont la possibilité de le revendre après 6 à 8 mois d’utilisation. Ces voitures de collaborateurs ont souvent peu de kilomètres, sont bichonnées par leur propriétaire et proposées à un tarif attractif : de 15 à 25 % sous le prix du neuf. Une remise qui varie selon la catégorie du véhicule, sa motorisation… Par exemple, les véhicules haut de gamme sont souvent proposés avec des ristournes plus importantes que les citadines ou les monospaces. Pour trouver ces voitures, certains constructeurs proposent des sites Internet dédiés, accessibles depuis leur site principal. Chez d’autres, qui ne pratiquent pas cette revente de façon centralisée, chaque collaborateur se débrouille seul.

Les enchères et ventes sur parking

Attention, les risques sont assez élevés ! En effet, les enchères ne permettent pas d’essayer le véhicule ni de connaître son origine. Pourtant très alléchantes, avec des réductions pouvant atteindre 50 %, les enchères ne sont intéressantes que pour les fins connaisseurs en mécanique. Car seuls le contrôle technique et une fiche descriptive vous sont présentés, ce qui n’est pas suffisant pour connaître avec précision l’état d’un véhicule. En outre, il faut ajouter des frais de transaction au prix de l’adjudication : un détail qui gonfle la facture de façon substantielle. De plus, il faut savoir que l’achat aux enchères est définitif, qu’aucune rétractation n’est possible et qu’aucune garantie n’est appliquée.

Quant aux mini-salons, heureusement de plus en plus rares, organisés le dimanche sur les parkings de supermarché, ils regorgent de véhicules aux origines parfois douteuses et de vendeurs peu scrupuleux aux méthodes souvent condamnables. Il est difficile d’y trouver un véhicule irréprochable.

Internet : redoublez de prudence

Impossible d’ignorer le Web lorsqu’il s’agit de trouver une occasion. Si la source est excellente car très prolifique, les arnaques sont logiquement tout aussi largement représentées ! Internet ne doit servir qu’à dénicher la bonne affaire. Une fois cette étape effectuée, l’achat devra impérativement se faire de façon traditionnelle, ce qui inclut l’indispensable essai de la voiture. En outre, il ne faut jamais rien payer avant cette étape, même pour réserver la voiture, et mieux vaut éviter les paiements à distance (virement ou mandat cash), qui ne garantissent vraiment pas que l’on verra la voiture un jour.

→ Lire aussi : Vendre sa voiture en ligne • Gare à la surestimation des plateformes de rachat

Yves Martin

Yves Martin

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