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Résidences de tourisme SimbiosisUn investissement immobilier au tribunal

L’investissement dans les résidences de tourisme du groupe Simbiosis avait viré à la catastrophe pour des centaines de particulier. Le procureur du tribunal correctionnel de Toulouse a requis des peines de prison ferme contre plusieurs prévenus, dans cette vaste arnaque immobilière. Une seconde procédure est en cours dans l’Allier. Les deux jugements tomberont mi-décembre.

Les résidences de tourisme du groupe Simbiosis ont suscité des dizaines d’articles dans la presse régionale du Sud-Ouest de 2003 à aujourd’hui. Les premiers reportages évoquaient un promoteur dynamique, Alain Lapujade. Les derniers articles sont des comptes-rendus d’audience qui parlent d’un naufrage complet.

Soutenu par le Conseil général de l’Ariège et plusieurs banques, le groupe Simbiosis d’Alain Lapujade était censé relancer les stations de moyenne montagne sur le déclin d’Aulus-les-Bains, de Guzet ou du Couserans (Ariège), sans oublier des programmes ambitieux au Carla-Bayle, à Saint-Lizier (Ariège également) et à Laprugne (Allier). Alain Lapujade se faisait fort de trouver des clients dans toute la France, pour des parts dans des résidences de tourisme en loi Demessine. Ses programmes prétendaient rénover des parcs immobiliers vieillissant et donner un coup de fouet à la fréquentation des remontées mécaniques ariégeoises.

L’aventure a tourné à la catastrophe en quelques années seulement. Un mélange de malversations et d’incompétence a précipité le groupe Simbiosis vers la liquidation en 2011. Plusieurs résidences n’ont pas été achevées. Celles qui l’ont été n’ont jamais atteint les rendements locatifs promis, et de très loin.

Le cas le plus dramatique est celui des Hauts-du-Cordat, à Laprugne. Alain Lapujade avait promis aux investisseurs la construction d’une résidence de tourisme de standing dans la montagne bourbonnaise. En réalité, il avait racheté deux barres d’immeubles décaties et plutôt sinistres, construites par la Cogema pour y loger le personnel d’une mine d’uranium ! Les travaux de transformation n’ont jamais été achevés. Le tribunal de grande instance de Cusset (Allier) a examiné les plaintes de 120 demandeurs dans cette affaire début septembre. Il rendra sa décision le 19 décembre. 

Fausses garanties de loyers et faux certificats d’achèvement de travaux

Au total, Simbiosis a fait au minimum 600 victimes, peut-être 800. Alain Lapujade ne leur rendra jamais de compte. Il est décédé d’un malaise cardiaque en juin 2012. Le tribunal correctionnel de Toulouse, qui examinait le volet ariégeois du scandale début octobre, jugeait ses comparses : sa femme, son assureur, ses architectes. Le procureur a estimé que les charges retenues contre l’épouse n’étaient pas assez solides et n’a pas requis de peine particulière. Il a en revanche été très sévère pour l’assureur (3 ans ferme requis), Alain Houdayer, à qui il est reproché d’avoir produit de fausses garanties de loyers. Contre les deux architectes qui avaient endormi la vigilance des acheteurs avec de faux certificats d’achèvement des travaux, Isabelle Pouquet et Eduardo Montané, le procureur a requis 1 an et 18 mois avec sursis. Jugement le 17 décembre.

L’affaire Simbiosis ne sera pas finie après ces deux procès. Après le pénal, une audience au civil doit en effet avoir lieu à Toulouse en 2015. Elle sera peut-être l’occasion d’évoquer le rôle désastreux joué dans ce dossier par une émanation du Conseil général de l’Ariège, le Club Ariège Pyrénées investissement (Capi). Dissous début 2012 après dix années d’existence, le Capi a soutenu et encouragé les programmes Simbiosis, ignorant des signaux d’alarme pourtant flagrants. Sans parler de la cécité singulière des banques, et en particulier de la caisse régionale du Crédit agricole du Languedoc, qui a financé les investissements de nombreux consommateurs sans trop se poser de questions sur la fiabilité de Simbiosis.

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