Franck Attia
AlimentationUne étude pour savoir
Afin de mieux connaître le comportement alimentaire des Français, le ministère de la Santé lance sur Internet une étude scientifique d'une ampleur inégalée. Les conclusions de l'étude « NutriNet Santé » permettront de trouver des réponses aux grands problèmes de santé publique actuels et à venir.
Le 11 mai, Roselyne Bachelot, ministre de la Santé, lançait officiellement l'étude « NutriNet Santé » financée et organisée par le ministère de la Santé et ses partenaires (1). Pourquoi cette étude ? Cela fait longtemps que l'on sait empiriquement que l'alimentation peut influer sur notre santé. Mais mesurer finement l'impact d'un aliment, au regard de telle ou telle maladie, est particulièrement difficile pour les chercheurs, compte tenu de la multiplicité d'autres facteurs génétiques, biologiques ou environnementaux qui, en se combinant entre eux, brouillent l'interprétation des résultats. Par ailleurs, du fait de leur coût élevé, beaucoup d'études sont trop courtes ou réalisées sur trop peu de personnes pour donner des réponses fiables. C'est pourquoi « NutriNet Santé » fait appel à des volontaires, et en grand nombre (500 000 sont attendus !), qui seront suivis pendant au moins 5 ans.
Les volontaires saisiront eux-mêmes les données sur un site Internet (2) qui recueillera, stockera et analysera de façon automatisée un nombre de paramètres beaucoup plus important que dans une étude classique. Tout le monde peut y contribuer sous réserve d'avoir plus de 18 ans, les personnes de plus de 45 ans étant plus particulièrement sollicitées. Pour participer, il suffit de se connecter sur le site www.etude-nutrinet-sante.fr. Le « nutrinaute » s'y inscrit une première fois en remplissant un questionnaire automatisé qui permet de le situer en termes d'âge, de sexe, de poids et corpulence. Il doit préciser également son niveau d'activité physique, de sédentarité, son hygiène de vie (tabac, alcool), ses habitudes alimentaires et bien sûr son état de santé. Une fois inscrit, il recevra chaque mois un courriel comprenant un questionnaire automatisé portant sur ses consommations alimentaires des dernières 24 h, ainsi que sur ses maladies éventuelles. Au total, la saisie ne prend qu'une vingtaine de minutes.
Fins uniquement scientifiques
Enfin, une fois par an, il lui sera demandé de réactualiser son dossier. La confidentialité et l'anonymat des données sont garantis et le site Internet est sécurisé. L'utilisation des données est exclusivement réservée à l'équipe de recherche publique. Quant aux résultats de l'étude, ils ne seront utilisés qu'à des fins scientifiques et leur publication ne comportera aucun résultat individuel. En effet, l'étude vise dans un premier temps à constituer une des plus grandes bases de données mondiales sur la nutrition et la santé. En identifiant les facteurs de risque ou de protection liés à la nutrition, l'étude a pour but ultime de trouver des solutions aux grands problèmes de santé publique auxquels nos sociétés sont confrontées actuellement : cancers, maladies cardiovasculaires, obésité, diabète, hypertension...
1. L'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (Inpes), l'Institut de veille sanitaire (InVs), l'Université Paris 13, l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), l'Institut national de la recherche agronomique (Inra), le Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) et la fondation pour la recherche médicale.
2. www.etude-nutrinet-sante.fr
Olivier Andrault