Anne-Sophie Stamane
Sports d'hiverSécurité à renforcer
La prévention n'a pas fait baisser le nombre d'accidents sur les pistes. La Commission de sécurité des consommateurs (CSC) demande aux pouvoirs publics d'imposer des règles claires et contraignantes pour améliorer la sécurité des skieurs.
Les accidents de ski et de snowboard ne sont pas une fatalité. La commission de sécurité des consommateurs (CSC) en est « convaincue ». Pour juguler le nombre obstinément élevé de blessés sur les pistes, elle demande aux pouvoirs publics de prendre le taureau par les cornes. Et lui adresse quelques idées.
Première recommandation : assurer l'indépendance des responsables de la sécurité des pistes. Ce n'est pas le cas actuellement : les maires délèguent systématiquement la sûreté des domaines skiables aux sociétés d'exploitation, et les intérêts commerciaux ne font pas forcément bon ménage avec l'intégrité des personnes. « Le directeur du service des pistes est généralement un salarié de l'entreprise qui exploite les remontées mécaniques. Malgré l'agrément municipal de nature purement symbolique dont il bénéficie, cette position ne lui permet pas de prendre en toute indépendance les décisions difficiles en raison de leur impact économique, par exemple de fermeture d'une piste, de régulation de trafic, qu'exigeraient les impératifs de sécurité », déplore la CSC.
Son réquisitoire ne s'arrête pas là. Déplorant la diversité et l'insuffisance des réglementations locales, l'instance somme l'État d'intervenir pour imposer aux stations des normes de mise en sécurité uniformes. Par souci d'efficacité, il faut évidemment se donner les moyens de contrôler si elles sont respectées.
Quant aux skieurs, la CSC verrait d'un bon oeil qu'ils soient astreints à un « code des pistes » incluant des obligations d'équipement. En cas d'infraction, ils seraient sanctionnés. Au-delà de la répression, ils doivent être sensibilisés à la prudence par des campagnes de prévention ciblées, qui insisteraient notamment sur la nécessité d'être en bonne forme pour se lancer à l'assaut des pistes : la fatigue et l'inexpérience sont à l'origine de la plupart des accidents. La CSC rappelle que la campagne recommandant le port du casque pour les enfants a été un succès. Le nombre de traumatismes graves chez les plus petits a nettement chuté.
Enfin, condition sine qua non d'une politique digne de ce nom, la CSC conseille aux pouvoirs publics de se mettre au clair avec les chiffres. Les statistiques qui servent aujourd'hui de référence, celles du Système national d'observation de la sécurité en montagne, ne comptabilisent que l'activité des services de secours, qui sont intervenus plus de 50 000 fois en 2004-2005. Rapportées aux données plus exhaustives de l'Association des médecins de montagne, elles « oublient » 70 % des accidents, et ne disent rien de leur gravité. La confusion est totale. La CSC suggère de prendre modèle sur les critères de recensement des accidents de la route.