Élisabeth Chesnais
Rénovation énergétiqueDes travaux peu efficaces
Les résultats de l’étude que l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) vient de publier sur l’efficacité des travaux de rénovation énergétique réalisés en maison individuelle sont consternants. À 75 %, la classe énergétique du logement reste la même après travaux.
Massifier la rénovation énergétique pour diviser la consommation d’énergie du parc immobilier, c’est la volonté des pouvoirs publics. Mais les ménages sont déjà nombreux à engager des travaux, d’après l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). De 2014 à 2016, plus de 5 millions de propriétaires de maisons individuelles en ont réalisé, ce qui représente 32 % du parc d’habitat individuel. Côté massification, pas de doute, les ménages sont au rendez-vous.
En revanche, le gain d’efficacité énergétique se révèle minime, bien que les rénovations « portent sur des postes de travaux qui permettent d’améliorer la performance énergétique du logement », précise l’Ademe. Seulement 25 % des rénovations ont permis de gagner au moins une classe de DPE (diagnostic de performance énergétique), et seules 5 % ont eu un impact énergétique très important avec un gain de 2 classes énergétiques sur le DPE, ou plus. On reste donc à des années-lumière de l’objectif d’un parc 100 % rénové au niveau BBC (bâtiment basse consommation) à atteindre en 2050.
« Il existe un vrai décalage entre la réalité des rénovations et la perception des ménages », assène l’étude. 27 % des ménages pensent que tous les travaux de maîtrise de l’énergie ont été faits, très loin des 5 % qui s’en approchent.
Bons réflexes mal récompensés
Le peu d’efficacité des travaux est d’autant plus pénalisant pour les consommateurs qu’ils ont eu une partie de bons réflexes. À 65 %, ils ont effectué un bouquet d’au moins deux travaux d’isolation. Mais le niveau qui permet de diviser ses consommations d’énergie est rarement atteint. Un tiers seulement des interventions effectuées en combles ou toitures est jugé performant, et concernant les travaux portant sur les fenêtres et les murs, on tombe à 17 % de rénovations performantes. Plus grave pour le confort et la santé des habitants, la ventilation est régulièrement oubliée lors des travaux alors que c’est l’outil indispensable pour renouveler l’air et éviter les moisissures.
Le paradoxe, c’est que la plupart des foyers se déclarent satisfaits de l’artisan ou de l’entreprise qui est intervenue malgré un gain énergétique très faible. Les ménages qui disent avoir bénéficié d’informations et d’accompagnement sont en revanche peu nombreux, 15 % du total, ce qui explique sans doute le manque d’efficacité des travaux. Au vu des résultats de cette étude, les professionnels restent en effet incapables de conseiller des travaux d’économies d’énergie vraiment efficaces, ce que les enquêtes de Que Choisir sur la rénovation énergétique ont déjà démontré.