Audrey Vaugrente
Médicaments à éviterLa liste noire 2022 de Prescrire
Leurs effets indésirables sont démesurés au vu de leur faible efficacité. La revue Prescrire plaide pour le retrait de plus de 100 médicaments qui exposent les patients à des risques trop élevés.
Qu’ils traitent des maladies graves ou non, encore trop de médicaments exposent les patients à des effets indésirables, parfois sérieux. Dans sa liste noire de 2022, la revue Prescrire liste 105 références qui ne devraient plus être prescrites, dont 89 sont vendues en France. La situation est inacceptable, quelle que soit la sévérité de la pathologie traitée, précisent les auteurs de cette liste : même en cas d’impasse thérapeutique, le bénéfice d’un médicament doit être clair.
Un nouvel inscrit
Un vieux médicament fait son retour dans la liste de Prescrire. Il s’agit de la fenfluramine (Fintepla), un amphétaminique qui n’était plus vendu depuis 1997. Depuis cette année, il est recommandé dans certains troubles épileptiques sévères et résistants aux autres médicaments. Il avait pourtant été retiré du marché en raison du risque d’hypertension artérielle pulmonaire et de valvulopathies – des effets indésirables également provoqués par le Mediator. C’est pour cette même raison que la revue préconise de ne pas l’utiliser.
Toujours déconseillés
Au rang des médicaments épinglés par la rédaction de Prescrire, on retrouve des médicaments couramment utilisés. Sans surprise, les décongestionnants oraux (Dolirhume, gamme Actifed, Humex Rhume, etc.) sont à éviter : ils sont peu utiles dans le rhume et comportent un risque cardiovasculaire réel. Les alertes se sont d’ailleurs multipliées à leur sujet et leur usage est officiellement déconseillé. Il en va de même pour les médicaments traitant le mal de gorge (Maxilase, Thiovalone, etc.) et la toux (Toplexil, Biocalyptol, etc.). Face aux maux de l’hiver, le recours occasionnel au paracétamol est à privilégier.
Dans le traitement de la douleur, plusieurs anti-inflammatoires ne devraient plus être prescrits. C’est le cas du diclofénac (Voltarène) ainsi que ceux finissant en « coxib », qui comportent bien plus d’effets indésirables que les autres molécules disponibles. Quant à la capsaïcine en patch (Qutenza), elle n’a pas démontré son intérêt et expose à des irritations cutanées, voire des brûlures.
En traitement du diabète, on manque encore de recul avec les nouvelles molécules, dont les effets indésirables ne sont pas négligeables. Les gliptines (Galvus, Januvia, Onglyza, etc.) provoquent, par exemple, des réactions graves d’hypersensibilité et favorisent les infections urinaires, les pancréatites ou encore les obstructions intestinales. La metformine doit rester la référence, tranche Prescrire.
Deux sortants
Les gliflozines (Forxiga, Jardiance, etc.), fait rare, sortent de la liste. Leur intérêt dans le diabète, l’insuffisance rénale et l’insuffisance cardiaque a été réévalué à la lumière d’études récentes. On observe une réduction de la mortalité en cas d’atteinte rénale, du risque d’insuffisance cardiaque en cas de néphropathie diabétique… Pour autant, Prescrire ne recommande pas cet ensemble de médicaments, responsable d’effets indésirables lourds : de graves infections urogénitales ou cutanées sont signalées.
Un autre médicament disparaît de la liste noire de Prescrire en 2022 : la cimétidine. Et pour cause, le traitement recommandé en cas de reflux gastrique n’est plus disponible depuis un rappel mondial. La cimétidine peut donc être utilisée, faute de mieux. Attention toutefois aux interactions médicamenteuses nombreuses.