Accès aux soinsL'UFC-Que Choisir appelle le gouvernement à mettre de l'Ordre dans les pratiques des médecins
Alors que le Conseil National de l’Ordre des Médecins (CNOM) se saisit (enfin !) des questions d’accès géographique et tarifaire aux soins, et, ce, après les déclarations de Marisol Touraine en faveur d’une régulation des dépassements d’honoraires, L’UFC-Que Choisir, attachée à ce que ces thématiques cruciales soient au cœur du débat public, refuse l’autorégulation et appelle à une politique résolue de rétablissement d’une égalité réelle devant la santé.
Pour un usager du système de santé, l’accès aux soins comprend deux composantes majeures : la proximité géographique des professionnels de santé, et la possibilité de les consulter à des tarifs abordables. Pour beaucoup de Français, ces deux prérequis ne sont aujourd’hui pas remplis.
La libre-installation des médecins sur le territoire est en effet à l’origine de l’émergence de véritables déserts médicaux, dans certaines régions rurales comme en périphérie de grandes villes. Plus de 3 millions de Français sont ainsi éloignés de plus de 45 minutes de route des principaux spécialistes, tendance qui s’accentuera avec la diminution à venir du nombre de médecins.
Les mesures incitatives - notamment financières - déployées jusqu’à présent ont fait la preuve de leur inefficacité, et il est désormais nécessaire de mettre en œuvre des mesures contraignantes, pour garantir une saine répartition des médecins sur le territoire. La proposition de l’Ordre des médecins de demander à chaque nouveau praticien diplômé d’exercer 5 ans dans la région où il a étudié va dans le bon sens.
Trouver un médecin n’est pourtant qu’une première étape avant d’accéder aux soins ; encore faut-il avoir les moyens de les financer. Les dépassements d’honoraires des médecins en secteur 2 atteignent désormais 2,5 milliards d’euros par an, un doublement en 20 ans. Dans ce cadre, la proposition du CNOM d’écrêter les tarifs les plus scandaleux (ceux qui dépassent 3 à 4 fois le tarif de l’assurance maladie) manque cruellement d’ambition, et c’est un euphémisme ! Il faut impérativement et sans délai attaquer à la racine un système qui exclut 10 millions de Français des soins pour des raisons budgétaires.
Au moment où doivent s’ouvrir de larges négociations sur l’avenir de notre système de santé, les consommateurs et les usagers, premiers intéressés, ont toute leur place dans la réflexion. C’est pourquoi, l’UFC-Que Choisir adresse à la ministre de la Santé les demandes suivantes :
Refuser le conventionnement de nouveaux médecins dans les zones surdotées pour assurer, dans chaque territoire, une densité médicale plancher de médecins généralistes comme de spécialistes ;
Initier un réexamen de la rémunération des actes médicaux, à la hausse comme à la baisse, auquel tous les payeurs (assurance maladie, organismes complémentaires et usagers) devront être associés.